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Des étudiants africains bloqués en Ukraine sans aucune aide


Kamal Umar Labavan, étudiant ghanéen en médecine, travaille dans sa chambre à l'Université de médecine en Ukraine, dans la ville orientale de Donetsk, le 5 décembre 2014. (Photo AFP/ ERIC FEFERBERG)
Kamal Umar Labavan, étudiant ghanéen en médecine, travaille dans sa chambre à l'Université de médecine en Ukraine, dans la ville orientale de Donetsk, le 5 décembre 2014. (Photo AFP/ ERIC FEFERBERG)

L’invasion russe en Ukraine met à mal plusieurs milliers d’étudiants africains vivant dans des villes assiégées. Abandonnés à eux-mêmes, sans aucune aide, ils se débrouillent tant bien que mal à trouver des moyens pour s’en sortir.

Percy Ohene-Yeboah est étudiant ghanéen en ingénierie. Il a 24 ans. Il vit dans la ville de Kharkiv, dans l'est de l’Ukraine. En allant se coucher mercredi soir, Percy Ohene-Yeboah ne s’attendait certainement pas à se réveiller le lendemain dans un pays en guerre, attaqué par son voisin, même si cela faisait déjà des mois que les soldats riches campaient aux frontières ukrainiennes.

En se réveillant jeudi matin, Percy Ohene-Yeboah regarde de son appartement la rue en contrebas. Elle est encombrée. La circulation est dense. Les gens se pressent le long des trottoirs, tirant des valises derrière eux.

Il va à une fenêtre de l'autre côté et découvre la raison de ce remue-ménage: des avions russes volent bas au-dessus de la ville, essayant d'échapper aux missiles qui traversent le ciel. La scène lui fait penser à l'un de ses jeux vidéo préférés, “Call of Duty”.

Ohene-Yeboah réalise qu’il est dans un pays en guerre, loin de sa famille, restée dans son Ghana natal, à environ 9,190 km de sa ville d’accueil, où sa vie est en train de basculer.

Il sait qu’il doit vite décider et trouver rapidement un abri. Mais où aller? Le jeune homme prend rapidement un sac dans lequel il ne met que l’essentiel, surtout des documents. Il court jusqu'à la station de métro la plus proche pour se mettre à l’abri. Il trouvera finalement refuge dans une église.

Ce qui était censé être une alternative moins chère aux études en Europe occidentale ou aux États-Unis s'est transformé du jour au lendemain en une zone de guerre. Des chars, des avions et des navires russes lancent la plus grande invasion européenne d'une autre nation depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dans les jours qui ont précédé l’invasion, certains étudiants avaient commencé à quitter le pays. Frappé par la peur de prendre la route de l'ouest, et sans vols ni argent, Ohene-Yeboah aura décidé de rester sur place pour l'instant.

"C'est maintenant que la réalité me frappe vraiment. Je pense que pour moi, c'est un peu trop tard pour l'évacuation”, semble-t-il regretter.

Lorsque des bombes russes ont commencé à tomber près de la capitale Kiev, à 400 km (250 miles) à l'ouest de Kharkiv, jeudi matin, un groupe d'étudiants en médecine kenyans a décidé de partir. Ils ont été en contact avec des responsables de leur gouvernement, a déclaré l'un d'eux, mais ils doivent trouver leur propre moyen de sortir de l'Ukraine.

Les cinq étudiants se sont précipités à la gare de Kiev vendredi matin dans l'espoir de monter à bord d'un train pour la ville occidentale de Lviv. De là, ils visaient à traverser la frontière polonaise d'où ils pourront rentrer chez eux. Toutefois, une place à bord du train n'est pas garantie.

"C'est vraiment, vraiment mauvais. Tout le monde fuit la ville. Nous ne pouvons pas transporter de bagages. Les bagages nous donneront du retard”, a déclaré l'un des étudiants en médecine, sous couvert d’anonymat.

Certains, comme Usman Abdulahi, ont fui vers les zones considérés comme sécurisés. Cet étudiant nigérian en médecine de 30 ans a fui Kiev et s’est réfugié à Zaporijia, une ville située à plus de 400 kilomètres de la capitale ukrainienne.

“On a choisi de venir là car c'est loin des frontières russes et de toutes les attaques. Nous restons ici jusqu'à la réouverture de l'espace aérien qui nous permettra ensuite de quitter le pays. Certains pays ont déjà commencé à évacuer leurs citoyens, mais le Nigeria n'a réagi qu'après l'attaque”, a-t-il confié à RFI.

Les villes assiégées à travers l'Ukraine abritent des dizaines de milliers d'étudiants africains qui étudient la médecine, l'ingénierie et les affaires militaires. Le Maroc, le Nigeria et l'Egypte font partie des 10 premiers pays avec des étudiants étrangers en Ukraine. À eux trois, ils ont plus de 16 000 étudiants. La plupart d'entre eux n'ont encore reçu aucune aide de leurs gouvernements.

Malheureusement, avec des vols cloués au sol, les gouvernements africains à des milliers de kilomètres ont du mal à soutenir leurs étudiants.

Le situation est d'autant plus difficile qu'il y a très peu d'ambassades africaines en Ukraine. Or chaque minute compte.

Les Ukrainiens eux-mêmes sont de plus en plus nombreux à prendre la fuite vers l'Ouest. Plus de 50 000 Ukrainiens ont fui le pays en moins de 48 heures, selon les Nations Unies.

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