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Des appels à Ouaga pour sanctionner les "brebis galeuses" d’Oxfam


Le siège d’Oxfam à Ouagadougou, Burkina Faso, le 15 février 2018. (VOA/Issa Napon)
Le siège d’Oxfam à Ouagadougou, Burkina Faso, le 15 février 2018. (VOA/Issa Napon)

Le scandale Oxfam qui détériore l’image de cette ONG continue de propager ses ondes de choc. Les pays qui accueillent les bureaux de cet organisme sont en état d’alerte depuis les révélations d’agressions sexuelles des personnes vulnérables. Au Burkina Faso les effets de ces révélations continuent d’animer les commentaires.

Haïti, Tchad, Soudan du sud, etc. le monde découvre les scandales de l’ONG Oxfam qui défraient la chronique.

Omer Kabore, directeur-pays d’Oxfam à Ouagadougou, Burkina Faso, 15 février. (VOA/Issa Napon)
Omer Kabore, directeur-pays d’Oxfam à Ouagadougou, Burkina Faso, 15 février. (VOA/Issa Napon)

L’onde de choc s’est propage jusqu’au Burkina Faso où Oxfam possède une antenne pays ; les réactions indignées se succèdent sur place.

Dans les rues de Ouagadougou, le citoyen lambda continue de s’interroger au micro de VOA Afrique.

"Aujourd’hui, on apprend que des gens qu’on envoie dans les différents pays, commettent des viols et autres. On nous dit qu’on les sanctionne, si on les sanctionnait réellement, ça n’allait pas se répéter. C’est parce qu'il y a un laisser-aller, on se dit : ‘on va nous ramener dans nos pays, d’autres personnes nous remplace et on avance’. On se dit qu’avec cette histoire d’Oxfam-là, il faut qu’on ouvre les yeux ", se plaint une citoyen Burkinabè rencontré dans une rue de Ouaga.

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"Il y a eu un scandale, c’est justement pour essayer d’arrondir les bords, de ne pas leur jeter la pierre parce que franchement si certains s’en vont, ça ne va pas être simple. Si vraiment des individus parmi eux ont posé des actes détestables, on ne pourra pas condamner toute l'ONG parce que parmi eux, il y a des gens qui sont vraiment bien", plaide un autre Burkinabè.

Au bureau d'Oxfam au Burkina FAso, on est encore sous le choc de ces révélations d’agressions sexuelles et autres comportements inappropriés ayant précipité la démission d'un dirigeant de l’institution.

Pour Omer Kabore, directeur d’Oxfam au Burkina, qui prend des dispositions pour éviter la reproduction de ce phénomène, "ce que les médias révèlent en ce moment est inqualifiable".

"Ce sont des pratiques véritablement inappropriées qui sont aux antipodes des valeurs d’Oxfam qui sont des valeurs de dignité humaine, de solidarité et de justice entre autres. Ce sont des actes véritablement injustifiables, inexcusables et condamnables. Il faut dire, par exemple, qu’au niveau global mais aussi au niveau des pays comme le Burkina, tout le personnel a l’obligation d’adhérer au code d’Oxfam. Prendre des engagements qui sont signés, et dans ce code, il est explicitement fait mention de la question du droit de la femme notamment la question du harcèlement sexuel", déclare pour sa part M. Kabore.

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"Il y a également un Protocole de dénonciation qui est en place et qui est connu par le personnel qui a la possibilité, s’il est victime ou témoin de tels agissements, de tout de suite alerter le comité compétent qui va immédiatement apporter les réponses appropriées. Et je pense qu’avec l’ensemble de la communauté des ONG, nous pouvons travailler davantage en intelligence pour prévenir de telles pratiques et extirper de nos rangs, en tout cas des rangs d’Oxfam, ces brebis galeuses dont les pratiques inappropriées entachent la noblesse de la mission accomplie par l’organisation", indique M. Kabore.

Le directeur d’Oxfam au Burkina estime que les populations dans le besoin devraient continuer à faire confiance à Oxfam.

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"Naturellement, il y a une communication à l’endroit des membres de l’équipe, parce qu’il leur faut garder le courage, garder la sérénité parce qu’il y a des milliers de personnes dans le pays qui ont besoin de notre soutien, qu’ils sachent qu’ils peuvent toujours compter avec Oxfam", soutient-il.

Une centaine de donateurs et soutiens de l’organisation ont déjà coupé leurs financements mais pas tous, afin d’éviter de dégrader davantage l’image au sein des bénéficiaires.

Dr Siaka Ouattara sociologue à Ouagadougou, Burkina Faso, 15 février. (VOA/Issa Napon)
Dr Siaka Ouattara sociologue à Ouagadougou, Burkina Faso, 15 février. (VOA/Issa Napon)

Pour le Dr Siaka Ouattara sociologue, il y aura forcément un avant et un après "scandale Oxfam".

Les rapports entre humanitaires-organismes de financements et bénéficiaires pourraient s’effriter, explique l’enseignant chercheur.

" Il y aura forcément une certaine rupture de confiance au niveau des bénéficiaires et des assistants. Donc, il faut vraiment travailler à élucider cette situation-là, à punir de façon exemplaire les coupables pour essayer rétablir cette relation-là. Déjà au niveau des humanitaires même, on voit qu’ils sont menacés de coupure ou de diminution des aides qui sont données par différents Etats. Et si ça arrive, ça veut dire que la capacité de ces ONG va diminuer. Donc, leur contribution sur le terrain va par conséquent diminuer, les bénéficiaires n’auront plus assez d’aides. Je pense que la solution ici ce n’est pas de rompre carrément mais de sanctionner ou de dégager les brebis galeuses pour pouvoir maintenir l’action de solidarité qui permet aux populations de bénéficier aussi un peu plus de bien être dans leur quotidien", explique M. Ouattara.

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Les langues continuent de se délier avec d’autres organisations éclaboussées par le même phénomène d’agression et d’abus de la part des humanitaires dans un tsunami médiatique qui n’est pas près de retomber.

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