Le taux de mortalité maternelle au Bénin est resté pratiquement le même entre 2006 et 2018. Il y avait 397 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2006 et 391 décès pour le même nombre de naissances vivantes en 2018, selon un rapport sur la démographie et la santé au Bénin.
Les conditions dans les hôpitaux n’ont pas vraiment évolué. Certaines femmes ayant déjà fait l'expérience dans les établissements hospitaliers publics en parlent. Pour beaucoup, "le traitement réservé aux femmes enceintes laisse à désirer".
"La sage femme qui a fait 24 heures de garde est obligée de continuer tant qu'il n'y a pas une remplaçante. Elle est épuisée".
Violences verbales et sociales à l’encontre des femmes enceintes, éloignement de la famille qu’on interdit d’accès à la salle d’accouchement, les cuisses de la future maman écartées sans ménagement, rançonnements, ventes illicites de médicaments, des ordonnances exorbitantes.
Ce sont des pratiques courantes, contre lesquelles l'accouchement humanisé voudrait lutter par des sensibilisations, des formations, des émissions radios, des jeux de rôles.
Annick Nonohou, sage-femme juriste, activiste des droits humains dans le domaine de la santé, pense que pour la crédibilité du système sanitaire, il est important de promouvoir ce type d'accouchement.
Pour cette femme devenue sage-femme par vocation et conviction religieuse, "l'accouchement humanisé est nécessaire pour que les droits et les libertés des femmes enceintes soient respectées".
"Il s'agit d'un accouchement fondé sur le respect des droits humains. Quand on parle de respect des droits humains en salle de naissance, c'est le respect des droits et libertés individuelles de la parturiente. La première liberté, c'est l'accès à la personne de son choix durant tout le travail et pendant et après l'accouchement".
Ce premier point de l'accouchement humanisé semble être une équation difficile à résoudre dans un hôpital public où plusieurs femmes enceintes se retrouvent nues dans une même salle.
Dans le privé, cela relève d'une forte négociation et d'une faveur accordée à un homme qui attend d'accueillir son premier enfant. Sinon, le principe est formellement interdit. Les sages-femmes montrées du doigt se défendent. Elles disent accomplir leur devoir en toute humanité dans le respect des vies qui leur sont confiées.
"Quand ça tourne mal, c'est la sage-femme qui a mal fait son travail. Même le gynécologue lui jette la pierre. Mais quand ça va bien, il n'y a pas de problème"
Accouchement humanisé ou pas, les problèmes resteront les mêmes si les femmes enceintes ne font pas un effort pour suivre religieusement les prescriptions médicales, ou si l'État ne fait pas un effort dans l'équipement des hôpitaux publics, pense, pour sa part, docteur Christiane Aguèmon, gynécologue obstétricienne au CNHU de Cotonou.
Pour elle, "rejeter la faute au personnel soignant ne suffira pas pour redresser la barre".
"Je ne pense pas que le problème soit lié au personnel soignant. Il faut que la population arrive à faire la part des choses. Quand la malade arrive à l'hôpital. Vous savez que, dans la plupart de nos hôpitaux, on n'est pas suffisamment équipé. En plus, la plupart des décès de femmes en couches que nous avons, ce sont les malades qui viennent des centres périphériques, qu'on doit référer dans des centres de niveau 2 ou 3. Et parfois c'est trop tard".
Avant que l'accouchement humanisé ne soit vraiment une réalité au Bénin, il y a encore tant à améliorer : la supervision formative des pairs, la transmission d’une sage-femme expérimentée à une jeune sage-femme, la vulgarisation et la sensibilisation des droits des patientes, la formation continue de toutes les sages-femmes en activité.