Le 17 juin, une attaque visant les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabè, imputée à "des éléments peuls", avait fait au moins 41 morts.
Depuis l'apparition en 2015 dans le centre du pays du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture.
En raison de cette insécurité, les régions du centre, Ségou et Mopti, concentrent l'essentiel des déplacés dans le pays, dont le nombre est passé de 18.000 à 70.000 entre mai 2018 et mai 2019, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations unies.
Lundi, sur les 854 déplacés de Gangafani et de Yoro enregistrés à Koro, 607 (soit une centaine de familles) ont pris la route à bord de bus et de voitures pour rejoindre leurs villages, à une centaine de kilomètres de là, sous escorte militaire, selon le correspondant de l'AFP.
"Nous voulons retourner cultiver et vivre dignement plutôt que de vivre de l'aumône", a déclaré lors d'une cérémonie le chef du village de Yoro, Tanouba Tenga Ganamé.
"S'asseoir du matin au soir sans rien faire n'est pas bon. Ce sont les gens qui nous donnent à manger, ça fait honte", a expliqué à l'AFP une déplacée, Djénéba Téssogué.
Ceux qui s'étaient réfugiés au Burkina ou dans les localités proches et qui sont déjà rentrés "sont en train de travailler et de vivre dignement" grâce à la présence renforcée de l'armée malienne, a-t-elle ajouté.
Lors d'une visite de cinq jours dans le centre du pays début juillet, le Premier ministre, Boubou Cissé, avait préconisé plus de "maillage sécuritaire" et un dialogue entre protagonistes locaux.
Présent à Koro lundi, un de ses conseillers, Boubacar Gaoussou Diarra, a promis que le gouvernement "ferait tout" pour remettre en état le centre de santé et la maternité de Yoro, détruits pendant l'attaque.
"On va retourner parce que notre champ a bien donné, les herbes commencent à envahir les plants de mil. Nous devons être sur place pour ne pas perdre nos cultures", a expliqué un jeune agriculteur, Salif Tolo.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France et qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU. Et depuis 2015, ces violences se sont propagées du nord au centre du pays, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires.
Avec AFP