BUJUMBURA, 1er mai (Reuters) - Plusieurs centaines d'étudiants étaient toujours rassemblés vendredi devant l'ambassade des Etats-Unis dans la capitale burundaise Bujumbura, après la fermeture par le gouvernement de l'Université du Burundi.
Des manifestations ont commencé au Burundi dimanche dernier après la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, ce qui est contraire à la constitution et à l'accord de paix d'Arusha qui a mis fin à la guerre civile en 2005, estiment ses opposants. Après cinq jours de manifestations, les rues de Bujumbura étaient plus calmes vendredi, jour férié pour la fête du Travail.
Mettant en avant des raisons de sécurité, le gouvernement a fermé mercredi l'Université du Burundi, institution prestigieuse où le président Nkurunziza, a enseigné l'éducation physique dans les années 90. Les étudiants des zones rurales expliquent qu'ils n'ont pu rentrer chez eux compte tenu de barrages routiers. Jeudi soir, un responsable de l'ambassade des Etats-Unis a signalé que plusieurs centaines d'étudiants étaient à la recherche d'un lieu sûr et se trouvaient dans la rue à côté des locaux de l'ambassade.
Selon une personne sur place, ils y étaient toujours vendredi. L'émissaire du département d'Etat américain Tom Malinowski, a déclaré au président Nkurunziza que la situation dans le pays risquait de "dégénérer", notamment en cas de fermeture de tout espace d'opposition pour les opposants. "Nous avons appelé le gouvernement à ne pas laisser la situation dépasser un point de non retour, parce que si cela se produit, les avancées de la dernière décennie seront vraiment en danger", a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint chargé de la démocratie, des droits de l'homme et du travail, lors d'une conférence de presse jeudi.
Vendredi, la commission électorale a commencé à recevoir les déclarations de candidatures à la présidence. La date limite pour le dépôt des candidatures a été fixée au 9 mai. Selon les diplomates, le candidat indépendant Agathon Rwasa, un ancien commandant rebelle hutu, comme Pierre Nkurunziza, serait le candidat le mieux placé face au président.
Agathon Rwasa a adopté une attitude prudente durant les manifestations, critiquant le gouvernement et défendant le droit à manifester, tout en s'abstenant d'appeler à des rassemblements de masse. Il ne veut pas donner au gouvernement un prétexte pour se faire arrêter et être ainsi empêché de se présenter à la présidence, soulignent les analystes.
La Constitution et l'accord de paix d'Arusha limitent la présidence à deux mandats de cinq ans, mais les partisans du président Nkurunziza affirment qu'il peut se présenter encore une fois parce qu'il n'a pas été élu au suffrage universel direct pour son premier mandat mais élu par les députés.