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Des décennies de guerres et d'hostilité entre l'Ethiopie et l'Erythrée


Un tombeau de martyrs éthiopiens tués pendant la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée a combattu entre 1998 et 2000 à Badme, le 8 juin 2018.
Un tombeau de martyrs éthiopiens tués pendant la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée a combattu entre 1998 et 2000 à Badme, le 8 juin 2018.

L'Ethiopie et l'Erythrée, qui cherchent à mettre un point final à des décennies d'hostilité, ont une histoire commune marquée par trente ans de guerre d'indépendance et un différend frontalier à l'origine d'un nouveau conflit de 1998 à 2000.

Indépendance de l'Erythrée

En 1962, l'empereur éthiopien Haïlé Sélassié annexe l'Erythrée, alors "entité autonome" fédérée à l'Ethiopie.

En mai 1991, après 30 ans de guerre contre le pouvoir central, les rebelles indépendantistes du Front populaire de libération de l'Erythrée (FPLE), qui ont grandement participé au renversement du régime de Mengistu Haïlé Mariam à Addis Abeba en s'alliant au Front Populaire de libération du Tigré (FPLT) de Méles Zénawi, s'emparent d'Asmara et installent un gouvernement dirigé par le président Issaias Afeworki.

L'Erythrée devient officiellemement indépendante le 24 mai 1993, et, en vertu d'un accord entre FPLE et FPLT conclu pendant la guerre contre Mengistu, elle récupère le contrôle des ports de Massawa et d'Assab, faisant perdre à l'Ethiopie son unique façade maritime, sur la mer Rouge.

Conflit frontalier meurtrier

En mai 1998, les deux voisins entrent en guerre en partie pour quelques centaines de km2 désertiques situés le long de leur frontière commune de quelque 1.000 km.

L'Erythrée accuse l'Ethiopie d'avoir changé à son insu le tracé de la frontière, resté flou à l'indépendance. Addis Abeba accuse Asmara d'avoir violé son territoire en envahissant la zone de Badme (nord-ouest de l'Ethiopie).

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Deux ans plus tard, après l'échec de négociations, les forces éthiopiennes lancent une vaste offensive, enfonçant les lignes érythréennes.

Un accord de paix, signé en décembre 2000 à Alger, met fin au conflit qui a fait quelque 80.000 morts.

Une zone temporaire de sécurité (ZST), zone tampon de 25 km de large le long de la frontière, est établie, surveillée par l'ONU.

Arbitrage international

En avril 2002, en collaboration avec la Cour d'arbitrage international de La Haye, la commission frontalière indépendante chargée de délimiter le nouveau tracé accorde des territoires à chaque partie et attribue la région contestée de Badme à l'Érythrée.

L'Ethiopie rejette la décision de la commission en septembre 2003, la jugeant "totalement illégale et injuste". Fin novembre 2004, elle déclare finalement accepter le "principe" de l'accord frontalier, réclamant toutefois des "ajustements", refusés par Asmara. Le gouvernement éthiopien demande notamment des consultations auprès des populations locales concernées avant de retirer ses troupes de Badme.

Graves tensions à la frontière

Les deux voisins multiplient les déclarations belliqueuses, et s'accusent mutuellement d'avoir commis des attaques et de soutenir des rebelles dans chaque pays.

En 2005, des mouvements de troupes sont à plusieurs reprises signalés dans la zone frontalière. La Mission de l'ONU (Minuee) est entravée dans son travail par les autorités érythréennes, qui accusent l'ONU de favoriser l'Ethiopie dans leur différend, expulsent son personnel et lui interdisent le survol du pays en hélicoptère.

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Des affrontements périodiques laissent craindre une reprise d'un conflit à grande échelle, notamment en juin 2016, lorsqu'un violent accrochage oppose les deux armées à la frontière, les Erythréens affirmant avoir tué plus de 200 soldats éthiopiens. L'Ethiopie met en garde son voisin, lui rappelant qu'elle a "la capacité de mener une guerre totale".

Main tendue à l'Erythrée

Début juin 2018, le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a amorcé un train de réformes sans précédent, annonce sa volonté de mettre un terme au litige frontalier avec son ennemi juré.

Le 20, le président Afeworki annonce l'envoi d'une délégation en Ethiopie pour discuter de la paix.

Avec AFP

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