Ils sont au total 335, tous de nationalité soudanaise, identifiés comme meneurs de l'incendie du camp situé à une vingtaine de kilomètres de la ville d’Agadez à être interpellés et mis à la disposition de la police.
Les faits se sont produits le 4 janvier 2020. Après plusieurs jours de sit-in devant le bureau local du Haut Commissariat de l'ONu aux réfugiés (HCR) à Agadez, un groupe de demandeurs d’asile est ramené de force dans le camp par les forces de l’ordre. A peine sont-ils descendus des véhicules que certains mettent le feu aux tentes qui leur servent d'habitations.
"Il ressort des constatations faites par les services que sur les 331 habitations qu'ils appellent RHU, 290 sont complétement calcinées, ainsi que l'infirmerie. Des pare-brise de bus ont été cassés et deux personnes légèrement blessées. 162 téléphones portables, 31 couteaux et 12 barres de fer ont été pris sur les manifestants", explique Seyni Seydou, procureur de la République auprès du tribunal d’Agadez.
Une enquête a été ouverte et, compte tenu du fait qu'ils sont des étrangers, des avis de poursuite seront notifiés aux autorités compétentes. Ils seront poursuivis pour quatre chefs d’accusation "attroupement non armé sur la voie publique, rébellion, destruction volontaire des biens meubles et immeubles publics, et incendie volontaire de lieu servant d'habitation", poursuit Seyni Seydou. Les habitants d’Agadez fustigent l’attitude de ces demandeurs d’asile.
"C’est cela la récompense qu’ils donnent aux populations d’Agadez qui les ont pourtant bien accueillis et acceptés. C’est criminel de leur part", regrette Aghali.
"Depuis deux ans que ce camp existe, ces gens s’en prennent aux populations riveraines, enfants et filles surtout", dénonce, pour sa part, Abdouramane.
Mardi, la représentante du HCR au Niger s’est rendue à Agadez. En compagnie des autorités régionales, elle a visité le camp incendié, puisle lieu de détention des 335 demandeurs d’asile.
"Ça fait mal au cœur", se désole Alexandra Morielli, ajoutant que l’équipe du HCR Niger en a le cœur brisé. Elle a indiqué avoir discuté avec les jeunes demandeurs d’asile et elur avoir dit "de ne plus choisir la violence comme outil pour se faire écouter".
Concernant la situation des 335 demandeurs d'asile arrêtés, la représentante du HCR indique que son institution reste à l’écoute et fait confiance au "travail de la justice et du gouvernement nigériens".
Pour rappel, ils sont plus d’un millier de demandeurs d’asile dans ce camp d’Agadez qui attendent, entre autres, un statut de réfugiés avec délivrance de carte.
C’est cette attente, conjuguée à des exigences de soins de santé de qualité et une meilleure collaboration avec le HCR et les autres partenaires humanitaires, qui a conduit un groupe de réfugiés à organiser sur plusieurs jours un sit-in devant le bureau local du HCR d’Agadez.