La coalition a confirmé avoir intensifié ses raids durant la semaine écoulée avec 250 frappes dans et autour de Raqa, principal fief du groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le nord syrien, et a indiqué son intention d'enquêter sur les victimes civiles.
Elle fournit un appui aérien crucial aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde engagée dans une offensive pour chasser l'EI de la cité qu'il contrôle depuis 2014.
Après s'être emparées de 60% de la cité, les FDS encerclent désormais l'EI dans une zone de 10 km2 dans le centre et le nord de la ville, où la majorité de la population est prise au piège de violents bombardements aériens et de l'artillerie.
Lundi, 42 civils dont 19 enfants et douze femmes ont péri dans les raids contre plusieurs quartiers tenus par l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dimanche, 27 autres y ont péri. En huit jours, près de 170 civils sont morts dans de telles frappes.
"Les bilans sont élevés car les frappes ciblent des quartiers du centre-ville très densément peuplés", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le chef de l'OSDH.
"Il y a des immeubles remplis de civils qui tentent de fuir des lignes de front. Les raids de la coalition visent tout bâtiment où sont détectés des mouvements de Daech", a-t-il ajouté en utilisant un acronyme en arabe de l'EI.
Raids intensifiés
Interrogé sur ces victimes civiles, le porte-parole américain de la coalition, le colonel Ryan Dillon, a indiqué à l'AFP que la coalition enquêterait sur ces allégations.
Selon lui, depuis la fin en juillet de l'offensive à Mossoul, en Irak voisin, d'où l'EI a été chassé, la coalition a plus d'avions à sa disposition pour frapper Raqa. "Nous avons augmenté nos raids surtout après la fin de la bataille de Mossoul".
La coalition affirme toujours prendre des mesures pour éviter les victimes civiles. Début août, elle a reconnu être responsable de la mort de 624 civils dans des frappes depuis 2014. Certaines organisations estiment ce chiffre largement sous-estimé
"Eviter les victimes civiles est notre plus haute priorité lors des raids menés contre des cibles militaires légitimes avec des armes de précision", a répondu mardi la coalition par mail à une question de l'AFP.
L'ONU estime qu'il y a jusqu'à 25.000 civils pris au piège des violences qui ont occasionné d'importants dégâts dans Raqa.
De son côté, le porte-parole des FDS Talal Sello a affirmé à l'AFP que ses forces tentaient d'éviter de causer des victimes civiles. "L'une des principales raisons qui expliquent la lenteur de notre progression, c'est notre volonté de préserver la vie des civils".
'Routes sécurisées'
"Nous avons ouvert des routes sécurisées pour les civils afin qu'ils rejoignent les zones contrôlées par nos forces qui les transférant dans des lieux sûrs", a ajouté M. Sello.
Il a accusé en revanche l'EI "d'utiliser les civils comme boucliers humains, de tirer sur eux et de les empêcher de fuir".
"Le pire endroit aujourd'hui en Syrie est la partie de Raqa qui est toujours aux mains du prétendu État islamique", a dit la semaine dernière Jan Egeland, le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie.
Les FDS ont lancé il y a huit mois l'offensive en vue de s'emparer de Raqa, devenue tristement célèbre en raison des exécutions que les jihadistes y menaient.
Les militants regroupés au sein de "Raqa is Being Slaughtered Silently", ont eux aussi fait état de raids aériens intenses ces derniers jours. L'organisation a publié des photos de bambins couverts de poussière qui seraient morts dans les bombardements.
Déclenché par la répression de manifestations prodémocratie et opposant initialement armée et rebelles syriens, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication d'acteurs régionaux et internationaux et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.
Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés.
Avec AFP