Plusieurs jours après les affrontements, David Misal, le porte-parole de la police de l'Etat de Taraba, une région très reculée à la frontière avec le Cameroun, a affirmé à l'AFP que 18 personnes avaient été massacrées, un chiffre bien inférieur aux autres estimations.
"Nous avons enregistré 105 décès de bergers (peuls) dans cette crise des cinq derniers jours", a avancé Mohammed Keruwa, directeur de l'association des éleveurs du Nigeria (Macban).
"40 campements ont été attaqués, et plus de 100 maisons sont parties en fumée", a-t-il ajouté. "Les assaillants ont volé plus de 3.000 têtes de bétail et 4.000 autres ont été égorgées".
"Les membres de l'ethnie mambilla (des agriculteurs chrétiens, auteurs des attaques) sont jaloux des éleveurs (musulmans), parce qu'ils disent qu'ils volent leurs terres", selon le directeur de Macban.
Contactées à plusieurs reprises par l'AFP, les autorités d'Abuja n'ont toutefois pas souhaité apporter de précisions sur le nombre de morts.
Abubakar Yusuf, sénateur pour Taraba Central, région affectée par ces violences, a déployé des agents sur le terrain, et recense de son côté "plus de 50 morts" depuis le 17 juin.
"Il a alerté les services de police et l'armée à Abuja", a déclaré son porte-parole, Jameel Muhammad, à l'AFP. "Dès lundi, des bataillons de l'armée ont été déployés", notamment de la ville de Yola, où ils étaient stationnés.
"Dans l'Etat de Taraba, les terres ont été partagées entre agriculteurs et éleveurs en 1982", explique M. Muhammad. "Mais les agriculteurs cultivent sur les terres de pâturage", attisant les tensions.
Des milliers de Nigérians ont été tués dans des conflits fonciers intercommunautaires au cours des dernières années dans des attaques suivies de représailles, notamment dans toute la ceinture centrale du Nigeria.
Sous la pression démographique, les communautés revendiquant l'accès aux terres et à l'eau, déclenchent des conflits sanglants.
Pour le politologue nigérian Chris Ngwodo, l'Etat de Taraba "a des institutions sécuritaires très faibles, et n'est pas en mesure de contrer ces incidents ni de poursuivre les coupables."
"De plus en plus de communautés doivent se débrouiller seules, et prennent les armes, surtout dans les régions reculées du pays", souligne l'expert nigérian en sécurité politique.
Avec AFP