Dans la cour du CFIAM à Ouagadougou, c’est la rentrée des classes dans les sections deux roues, électricité automobile, électronique et carrosserie.
Le fondateur de l’association "Tout pour tous Yennenga" est en train de réussir un pari qui n’était pas gagné d’avance il y a encore une quinzaine d’années.
L'organisation a réussi à mettre sur le marché de l’emploi des filles formées aux métiers dits masculins et contribuer à changer les regards des Burkinabè, comme le témoigne avec fierté Bernard Zongo, promoteur du centre.
"En 1996, lorsqu’il s’agissait de recruter 10 filles au début, nous avons été obligés de faire du porte-à-porte pour pouvoir trouver au bout du compte 8 filles pour démarrer la formation", se rappelle-t-il au micro de VOA Afrique. "Vingt ans après, on a plus de 300 filles en formation de façon permanente dans les centres et un taux d’insertion de 78%".
Des chiffres qui incitent les apprenantes à redoubler d’ardeur, à l’image de Pauline Nikiema, dans la section tôlerie-carrosserie.
"J’ai appris à redresser, la tôlerie, la peinture", raconte-t-elle. "Nous avons à peu près tous les matériaux pour travailler, mais dans les garages, d’autres disent qu’elles n’ont pas la capacité de faire comme les hommes".
Si nombre d’entre elles sont embauchées dans des entreprises, d’autres ont préféré s’installer à leur propre compte grâce à l’accompagnement financier du CFIAM.
"Au début, les gens se bousculaient pour venir voir", se rappelle Pauline Yaméogo, "Je répare vélo, moto et pour le moment ça va, j’ai pu satisfaire mes clients, je me plain pas".
Une collègue diplômée en électronique-électricité a dû se battre pour s’imposer en réparation et installation d’appareils électriques et électroniques.
"Ils ne venaient pas et puis mon mari m’a conseillé, comme j’ai fait un stage de 3 mois à Canal +, si je peux aller les voir", se souvient Mariam Dao.
"Maintenant, celui qui vient faire un abonnement, je lui donne une carte de visite et lui explique ce que je fais : s'il a un problème chez lui, il est obligé de venir chercher un technicien ou un réparateur", explique-t-elle. "De bouche à oreille, c’est comme ça que j’ai commencé".
Ce sont environ 450 jeunes femmes que le promoteur aura réussi à former en 20 ans d’existence aux métiers dits masculins.