"Il est incompréhensible et moralement inacceptable que l'institution qui juge, en dernier ressort, de la régularité et de la validité des élections impose une sélection par l'argent des recours contentieux susceptibles d'être présentées devant elle", écrivent dans une tribune lundi 22 intellectuels gabonais dont des juristes, des enseignants, des journalistes, des écrivains, l'économiste Mays Mouissi, le politologue Wilson-André Ndombet ou encore le leader de la société civile Marc Ona.
Depuis le 29 juin, les recours - auparavant gratuits - sont devenus payants à la Cour constitutionnelle. L'institution réclame 5 millions de francs CFA (7.623 euros) pour contester une élection présidentielle et 500.000 FCFA (762 euros) pour une procédure concernant un député ou un sénateur.
Le salaire mensuel moyen au Gabon est d'environ 300.000 FCFA (458 euros) rappelle la tribune.
"Cette décision, en plus de réserver le droit de contester une élection aux seuls gabonais nantis, pourrait favoriser les fraudeurs qui pourront désormais s'adonner aux pires irrégularités dès lors qu'ils sauront que la situation financière de leurs adversaires ne leur permettra pas de contester la régularité du scrutin", estime Mays Mouissi, économiste et acteur de la société civile proche de l'oppsition, qui avait contribué à rassembler les procès verbaux de l'élection présidentielle contestée d'août 2016.
En 2016, plusieurs recours avaient été déposés par l'opposition pour contester la candidature puis la réélection du président sortant Ali Bongo Ondimba auprès de la Cour, qui avait elle-même validé la victoire de M. Bongo avec 50,66% des suffrages contre 47,24% pour l'opposant Jean Ping.
Des élections législatives et locales - les premiers scrutins d'importance depuis 2016 - sont prévues le 6 octobre. Un second tour pour les législatives sera organisé le 27 octobre.
Avec AFP