A Lomé, les marches se déroulaient dans le calme, et la population était toujours aussi déterminée, après trois mois de forte contestation populaire, pour demander une limitation rétroactive du mandat présidentiel et la démission du président Faure Gnassingbé.
Le chef de l'Etat est à la tête du Togo depuis 2005, succédant à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans.
Resté silencieux pendant des mois, M. Gnassingbé a fait savoir la semaine dernière qu'un dialogue avec l'opposition devrait avoir lieu "d'ici à quelques semaines".
La coalition de 14 partis d'opposition, qui organise des manifestations quasi hebdomadaires depuis la début septembre, réclame toutefois des "mesures d'apaisement" en amont des négociations: libération des personnes détenues, levée de "l'Etat de siège" et de l'interdiction de manifester dans les villes du nord (Sokodé, Bafilo et Mango) et retour des militaires dans les casernes.
Le nord du pays, où l'essentiel des 16 morts dans les violences ayant opposé les manifestants aux forces de l'ordre ont été recensés ces derniers mois, reste sous la pression des forces de sécurité.
"La mobilisation va se poursuivre, même en plein dialogue. Nous n'allons pas abandonner la lutte", a prévenu mercredi Jean-Pierre Fabre, leader de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) et opposant historique, en tête du cortège.
Mais ses partisans sont sceptiques sur l'issue des négociations avec le pouvoir.
"Nous avons fait trop de dialogues dans ce pays et les accords n'ont jamais été respectés", rageait Elie Lodinou, agent commercial interrogé par l'AFP lors des marches.
"Cette fois-ci la communauté internationale doit nous accompagner. Il faut la présence d'observateurs des Nations unies et de l'Union africaine (UA) pendant les discussions", a-t-il demandé.
De nombreux chefs d'Etat africains et européens se trouvent toujours à Abidjan pour le sommet Europe/Afrique où la question du Togo a été abordée.
Interrogé par France 24 et Radio France Internationale (RFI) sur la crise au Togo, Emmanuel Macron a dit mercredi soir souhaiter que "le peuple puisse s'exprimer librement".
"Je souhaite qu'il puisse y avoir un processus électoral (...) qui permette une confirmation démocratique ou une alternance du pouvoir", a-t-il déclaré, saluant les efforts du président guinéen Alpha Condé pour engager le dialogue entre les différentes parties.
Des tractations sont en cours également avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo, que M. Macron rencontrait jeudi, lors de la dernière étape de sa tournée africaine à Accra.
Avec AFP