Michel Mbiya, un homme d'origine congolaise qui était à Zaventem le 22 mars vers 08H00 et a échappé aux explosions, a expliqué qu'il se rendait à la manifestation pour "exprimer un message d'abord de résistance" car "il ne faut pas céder face à ces démons, il faut rester debout".
"Au Congo, quand tu échappes à la mort tu manges un poulet blanc, et on m'a surnommé poulet blanc", a-t-il poursuivi interrogé par la radio publique RTBF.
Au moins un millier de personnes rendaient hommage dimanche dans les rues de Bruxelles aux 32 morts des attentats du 22 mars, lors d'"une marche contre la terreur et la haine" à l'appel d'un collectif d'organisations citoyennes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Quand des concitoyens, civils, sans aucune défense, sont abattus lâchement, c'est tous les citoyens qui doivent se lever pour exprimer leur dégoût et leur solidarité", a déclaré à l'AFP Hassan Bousetta, un élu socialiste de Liège (est) à la tête d'une des associations organisatrices.
"Un message de compassion envers les victimes"
"Ce n'est pas une manifestation avec un message politique militant, c'est d'abord un recueillement, un message de compassion envers les victimes et un moment de communion citoyenne", a-t-il ajouté.
La foule semblait néanmoins bien moins nombreuse en début d'après-midi que les 15.000 participants escomptés par les organisateurs, selon les médias belges.
Le cortège principal s'est lancé peu après 14H00 (12H00 GMT) de la Gare du Nord et devait en rejoindre un autre parti de la commune de Molenbeek, avant de prendre la direction du centre-ville de la capitale.
A l'avant de la marche, une douzaine de membres d'une association de dialogue interreligieux portaient une grande banderole sur laquelle était écrit "Together in peace" avec des dessins de colombes.
Les premiers rangs du cortège étaient réservés aux familles des victimes, suivies par les représentants des différentes communautés religieuses.
Des représentants de tous les cultes étaient visibles, en particulier musulmans avec le slogan "L'amour est ma religion et ma foi".
Egalement présent, à titre personnel, le ministre de la Justice Koen Geens, un chrétien-démocrate flamand.
Le rassemblement devait se conclure en fin d'après-midi Place Fontainas par des prises de parole de proches de victimes, de secouristes et d'employés de l'aéroport de Bruxelles, frappé par un double attentat suicide.
Contre la récupération politique
Cette marche, issue d'une initiative citoyenne relayée par plus d'une centaine d'associations, via notamment les réseaux sociaux, devait initialement se tenir le 27 mars, cinq jours après les attentats. Mais elle avait été annulée, les autorités craignant alors pour la sécurité des participants.
Après la marche, le Premier ministre Charles Michel doit recevoir des organisateurs et des familles de victimes à sa résidence officielle. Le gouvernement avait décidé vendredi en conseil des ministres "de ne pas récupérer politiquement une initiative citoyenne", avait fait savoir à l'AFP une source gouvernementale.
La marche survient dans un climat de polémique au lendemain de déclarations controversées du ministre de l'Intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon, qui a affirmé que la politique d'intégration des étrangers en Belgique avait échoué, y voyant pour preuve le fait qu'"une partie significative de la communauté musulmane a dansé à l'occasion des attentats".
Les attentats perpétrés par trois kamikazes à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et dans une station de métro de la capitale belge, ont fait 32 morts au total et plus de 300 blessés.
Une autre bombe qui devait exploser à l'aéroport avait été neutralisée ce jour-là et celui qui la transportait, Mohamed Abrini, a été arrêté le 8 avril à Bruxelles.
Avec AFP