Sous une nuée de drapeaux du Soudan et au son des tambours, les manifestants à Khartoum, Port-Soudan (est), Madani (centre), Gedaref et Kassala (est) ont crié aux militaires de "retourner à la caserne" et en premier lieu le général Abdel Fattah al-Burhane, l'auteur du coup d'Etat du 25 octobre.
A Kassala, à l'est de Khartoum, les jeunes manifestants ont scandé "non au pouvoir militaire!" en se dirigeant vers une base militaire de la ville, ont indiqué des témoins.
Les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes sur des manifestants à Khartoum et dans ses banlieues, ainsi qu'à Port-Soudan, ont rapporté des témoins à l'AFP.
Au même moment, l'émissaire de l'ONU pour les droits humains, le Sénégalais Adama Dieng, rencontre à Khartoum dirigeants, diplomates et membres de la société civile pour tenter de faire la lumière sur la répression qui a fait 82 morts depuis le putsch selon des médecins pro-démocratie.
Avant l'arrivée de cet expert, plusieurs détenus arrêtés lors des rafles dans les milieux anti-putsch s'étaient mis en grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention.
Au deuxième jour de sa visite, "41 d'entre eux ont été libérés" lundi, a indiqué l'avocate Enaam Attiq, alors que "plus de 200 personnes ont été incarcérées" depuis octobre, selon un collectif d'avocats anti-coup d'Etat.
Me Attiq a ajouté que d'autres organisateurs de défilés, manifestants ou politiciens détenus "seront déférés (...) en vue de leur libération" après avoir passé "parfois des semaines" sans aucune inculpation ni charge, selon le collectif d'avocats.
Pour ces derniers, "c'est une opération de camouflage qui vise à faire croire à l'émissaire de l'ONU que les geôles du régime sont vides".