Le code des collectivités locales doit définir précisément le rôle et l'autonomie des municipalités, régions et districts.
L'association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (Atide) a estimé jeudi que ce code devait "impérativement être adopté avant la tenue des élections municipales", soulignant que ce projet de loi est un "pilier fondamental" pour les élections locales.
"Ce retard est volontaire, car des blocs au sein du Parlement ne veulent pas céder de pouvoir aux municipalités, et d'autres veulent attendre le résultat des élections avant de décider à quel point ils décentralisent", a déploré Leïla Chraïbi, présidente de l'Atide.
>> Lire aussi : La Tunisie met ses muezzins au diapason
Le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, a souligné dans un communiqué cette semaine qu'il y avait "un accord entre les blocs parlementaires pour compléter l'approbation de ce code avant les élections municipales".
Le Parlement a commencé à examiner fin mars les 392 articles du Code des collectivités locales. Mais depuis, seul un quart du code a été adopté, alors que la campagne électorale démarre samedi.
Au rythme actuel des travaux, le code ne sera pas complètement adopté d'ici les élections, a averti l'association Al Bawsala, qui observe les travaux parlementaires, pointant du doigt l'absentéisme des députés.
Pour l'association, en l'absence de texte clair, il est très difficile de vulgariser les enjeux de ces élections et rendre tangible la décentralisation qu'elles sont censées inaugurer.
"Les candidats ne savent pas quelles seront leurs prérogatives ni leur budget, et on risque d'aboutir à une surenchère de promesses vides", a ainsi souligné Nessryne Jelalia, politologue chez Al Bawsala.
Les municipales, attendues de longue date et plusieurs fois repoussées, sont les premières depuis la chute du régime Ben Ali en 2011.
>> Lire aussi : L'instance chargée de juger la dictature poursuit ses travaux en Tunisie
Elles devraient ancrer le processus démocratique à l'échelon local, avec leurs milliers d'élus, en remplaçant les "délégations spéciales" nommées après la révolution, dont la gestion est parfois défaillante.
Les quelque 5,3 millions d'électeurs tunisiens seront appelés à départager 2.074 listes validées dans 350 municipalités.
Ce scrutin, qui verra les deux principaux partis de la coalition gouvernementale, Ennahdha et Nidaa Tounès, redevenir des adversaires dans les urnes, doit être suivi en 2019 d'élections législatives et présidentielle.
Avec AFP