Les crimes de guerre se poursuivent sans relâche au Soudan du Sud. Meurtres, viols systématiques, et disparitions forcées sont le lot quotidien, comme l’ont fait ressortir de récents rapports de l’ONU, d’Amnesty International et de Human Rights Watch (HRW).
Décembre 2013 – la date qui marque la descente aux enfers pour le Soudan du Sud. Des combats éclatent, c’est l’escalade. L’ONU parle de «violence grave et systématique à l’égard des civils».
Nous assistons à des violations flagrantes des droits de l'Homme, au pillage des caisses de l'Etat et des ressources naturelles.Ian Schwab, de l’ONG américaine Enough Project
En octobre dernier, dans l'État d'Unité, plus de 60 hommes et garçons sont découverts morts asphyxiés. Amnesty International accuse les forces gouvernementales. Durant le même mois, Human Rights Watch révèle, preuves à l’appui, des « abus graves » perpétrés dans la région de Western Equatoria.
"Nous assistons à des violations flagrantes des droits de l'Homme, au pillage des caisses de l'Etat et des ressources naturelles. Tout cela, dans un climat d'impunité et d'absence totale de poursuites pour ces crimes horribles en cours", affirme Ian Schwab, directeur des communications à l’ONG américaine Enough Project, un groupe de plaidoyer pour l’Afrique basé à Washington.
Pas beaucoup d’espoir en vue, d’autant que les signataires de l'accord de paix paraphé en août 2015 ne sont pas prêts de former un gouvernement d'unité nationale, initialement prévu pour novembre, ne serait-ce que pour une période transitoire. L’une des pierres d’achoppement : la démilitarisation de Juba, sujet qui continue de diviser le président Salva Kiir et le leader de l'opposition Riek Machar.
Pendant ce temps, le pays est en proie à la violence de même qu’à une grave crise humanitaire avec plus de deux millions de personnes déplacées, alors que la famine se profile à l’horizon, d’après l’ONU. Le groupe Enough Project recommande des sanctions ciblées.
"Eh bien, nous pensons qu’il faudra commencer par les responsables de haut niveau impliqués dans ces crimes. Il faut veiller à ce que les sanctions soient appliquées. Nous ne parlons pas de sanctions générales qui pourraient avoir un impact sur le pays. Nous ciblons ces individus complices et responsables de ces crimes et du pillage des ressources de l'Etat ", précise Ian Schwab.
L'embargo sur les armes aurait dû être appliqué depuis longtemps.Jehanne Henry, de Human Rights Watch
De son côté, Human Rights Watch appelle l’ONU à imposer un embargo sur les armes au Soudan du Sud.
"Nous pensons que l'embargo sur les armes aurait dû être appliqué depuis longtemps. Le conflit a commencé en décembre 2013, et les pires combats se sont déroulés durant les semaines et les mois qui ont suivi. L'embargo était approprié au début, lorsqu’il était clair que la guerre ne se faisait pas entre soldats mais contre les civils plutôt", indique Jehanne Henry, chercheuse principale sur l'Afrique à HRW.
Des pays comme la Grande-Bretagne et la France soutiennent cette idée. Pour les États-Unis toutefois, un embargo sur les armes pourrait avantager les forces rebelles, avis que partagent la Russie, la Chine et l'Angola.
D’autre part, Human Rights Watch demande à l'Union africaine de mettre en place un tribunal hybride pour le Soudan du Sud.
"Cela enverra un message clair et net à l’effet que les gens seront tenus responsables pour les abus qui sont commis", affirme Jehanne Henry.
Pour des observateurs, qui mettent en doute le bien-fondé de l'accord de paix vieux de sept mois maintenant, il est grand temps pour la communauté internationale de prendre de nouvelles mesures afin de mettre un terme au drame qui se joue au Soudan du Sud.