Les manifestantes ont accusé les autorités et agences de secours nigérianes de détourner l'aide humanitaire et d'être responsables de la pénurie de nourriture dans le camp de réfugiés de Bakassi, qui accueille 15.000 déplacés à Maiduguri, capitale de l'Etat du Borno.
Elles ont aussi accusé l'Agence nationale de gestion des situations d'urgence (Nema) et l'Agence de l'Etat de Borno (Sema) de mauvais traitements.
"Nous avons été maltraités par la Nema et la Sema. Nous avons été lésés pour tout", a déclaré Hajja Falmata, 28 ans, une habitante du camp. "Nous avons dit à la délégation nos griefs de longue date: pas de nourriture, rien de bon ici pour nous", a déclaré la jeune femme à l'AFP après une réunion avec 15 ambassadeurs du Conseil de sécurité de l'ONU.
La délégation s'est entretenue pendant une demi-heure avec des femmes représentant les déplacées du camp.
Les diplomates effectuent une mission dans quatre pays du bassin du lac Tchad (Cameroun, Tchad, Niger, Nigeria) afin d'attirer l'attention sur la crise dans cette région, où des centaines de milliers de réfugiés ont fui les jihadistes de Boko Haram.
"Nous sommes ici pour entendre directement quelles sont vos conditions de vie", leur a dit le chef de la délégation onusienne, l'ambassadeur britannique, Matthew Rycroft.
"Nous avons été chassés de chez nous par Boko Haram et nous sommes venus nous réfugier à Maiduguri, mais malheureusement nous n'avons pas été bien traités", a ajouté Hajja Falmata, qui a participé à la réunion.
"Avec la crise en cours dans le Nord-Est et les autres défis auxquels le pays est confronté, la délégation profitera de cette mission pour créer des synergies avec les autorités fédérales et étatiques, et les acteurs sur le terrain", a déclaré l'ONU dans un communiqué.
Les déplacés de Maiduguri ont accusé à plusieurs reprises les agences officielles nigérianes de corruption et de mauvaise gestion de l'aide humanitaire, entraînant l'ouverture d'enquêtes par les autorités.
Conduite par le Royaume-Uni, la France et le Sénégal, la délégation du Conseil de sécurité s'est auparavant rendue dans le nord du Cameroun, à N'Djamena (Tchad) et à Niamey (Niger) et achèvera sa tournée lundi à Abuja.
Boko Haram, qui a pris les armes en 2009 pour imposer son salafisme radical dans le nord-est du Nigeria, mène depuis huit ans des raids meurtriers et attentats-suicides dans les quatre pays du lac Tchad. Le conflit a fait près de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés.
Avec AFP