"Des dizaines de militaires, gendarmes et policiers ont investi la localité de Kintinian depuis le 23 novembre après l'échec de négociations entre les autorités et les habitants afin qu'ils déguerpissent de leur localité", a affirmé à l'AFP un habitant joint depuis Conakry.
Kintinian, à 33 km de Siguiri, préfecture de cette région aurifère, compte quelque 30.000 habitants, pour lesquels l'orpaillage traditionnel constitue depuis des siècles une des principales activités.
"On nous interdit l'accès à la carrière. La population est terrorisée parce que les forces de l'ordre, lourdement armées, déambulent dans le centre-ville", a affirmé un autre habitant, Kambi Laye Camara.
Au moins 17 personnes ont été arrêtées et écrouées à Kankan, principale ville de la région, a-t-il dit, accusant les forces de l'ordre d'être rentrées brutalement dans les maisons et d'avoir "tiré à balles réelles et blessé sept personnes".
Un responsable local de la sécurité a confirmé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat "la présence massive des forces de l'ordre et les violences commises sur les populations et surtout les vols perpétrés dans les boutiques et dans les concessions privées".
Le sous-préfet de Kintinian, El Hadji Aliou Guissé, joint par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire.
"L'Etat veut vendre notre localité à la société minière et nous demande de quitter (le site) sans nous dire où nous allons partir", a témoigné Douba Kamara, un autre habitant.
"Depuis l'installation de la société aurifère" de droit guinéen Anglo Gold Ashanti de Guinée (SAG), "les relations ont souvent été difficiles avec les populations locales qui, démunies, fondaient de grands espoirs sur l'exploitation industrielle de l'or", a souligné M. Kamara.
"Au début des travaux, la société avait dit clairement qu'elle travaillerait seulement dans le périmètre de Köron, à trois km des villages. Cet engagement n'a pas du tout été respecté", a-t-il ajouté.
Kintinian "est assise sur une zone" attractive "du fait de la teneur du minerai (d'or) qu'on y exploite", a indiqué à l'AFP un responsable de la SAG, sous couvert d'anonymat.
Malgré la richesse du sous-sol en bauxite, or, diamant et minerai de fer, plus de la moitié de la population de Guinée vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d'un euro par jour, selon l'ONU.
Avec AFP