Impossible de connaître leur nombre exact, elles sont des centaines et d’autres ne sont même pas enregistrées légalement.
Tous ces groupuscules religieux rivalisent entre eux, semant des bruits insupportables selon la population. Dans un quartier de Goma, une école a modifié son programme de classe à cause de bruit de tambour et des chants d’une poignée de secte qui l’entoure.
Roger Ndibwami, responsable de l’école Mugunga, n’est pas le seul à se plaindre. Françoise, la cinquantaine, n'en peut plus : "ici je ne sais pas comment vous expliquer, ça fait 7 ans que nous sommes dérangé par cette soi-disant église. C’est difficile, impossible même de se reposer et la journée comme la nuit."
Pour les fidèles de ces sectes, ceux qui ne viennent pas prier avec eux n’ont pas encore goûté à la parole divine et c’est "déplorable pour eux", lâche Kayumba Anifa, la trentaine. Elle s’apprête à retourner au culte où elle a d’ailleurs passé la nuit précédente.
"Tous ceux qui nous critiquent, c’est par ce qu’ils savent rien de la parole de Dieu. Qu’il nous laisse adorer notre Dieu. Je me prépare pour retourner à la prière, et j’y été toute la nuit", explique-t-elle.
Dans ces églises dites de "réveil", le corps pastoral ne vit que par des donations de fidèles, et à certains moments, les offrandes se font aux enchères. Les autoproclamé "homme de Dieu" qualifie leur travail d’une mission divine et minimisent les critiquent.
Créer une Église est devenu une sorte de "débouché sur le marché du travail, dans un pays où plus de 60% de la population active est au chômage. Le sociologue Jean Pierre King, enseignant à l’université de Goma, pense que c’est un danger pour la société.
Selon les témoignages accumulés, les églises de réveil seraient citées parmi les origines du phénomène "enfant de la rue" ou enfant-sorcier en RDC, car la plupart des enfants qui traînent dans la rue ont été accusés de sorcellerie et ensuite expulsés de leurs familles.
Au vu de la situation socio-économique et de la pauvreté dans laquelle vivent la population, les pasteurs sont écoutés par leurs ouailles, drainent des foules, remplissent des stades : mieux vaut les avoir avec vous plutôt que contre vous".
Ainsi, en fonction de leur préférence politique, les leaders religieux sont souvent courtisés par la classe politique. Il existe désormais les pasteurs proches du pouvoir et ceux de l’opposition.
Charly Kasereka, à Goma