"Bring Our Container Back" (Rendez-nous notre conteneur), chante depuis deux jours le rappeur libérien Kpanto dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, où de nombreux Libériens expriment leur colère.
L'affaire fait la une des journaux depuis que l'administration du président George Weah a annoncé cette semaine l'ouverture en août d'une enquête sur l'entrée de sacs et de conteneurs remplis de billets de dollars libériens pour un montant de 15 milliards (97 millions de dollars américains ou 83 millions d'euros) destinés à la Banque centrale, où l'on n'a pas retrouvé leur trace, selon les médias libériens.
"A ma connaissance, il n'y a pas de conteneurs manquant", a déclaré vendredi Milton Weeks, qui était gouverneur de la Banque centrale du Liberia sous Ellen Johnson Sirleaf, à laquelle a succédé en janvier George Weah.
"N'écoutez pas ce que le ministre de l'Information raconte. Moi je dis qu'il n'y a pas d'argent disparu. Personne ne cherche des milliards de dollars", a abondé le ministre des Finances, Samuel Tweath.
Le ministre de l'Information, Lenn Eugene Nagbe, avait indiqué en début de semaine que la nouvelle administration n'avait pas été informée de l'arrivée de ces conteneurs de billets, commandés avant son arrivée au pouvoir, et qu'une enquête avait été ouverte, déclenchant une vague d'interrogations et de suspicions.
"Le but de cette enquête est de remonter exactement l'afflux de billets imprimés et amenés dans le pays de 2016 à 2018", a ensuite précisé le ministère.
"Nous avons dit que l'argent était arrivé et qu'il y avait une enquête, mais nous n'avons pas dit que l'argent était manquant. Donc quand les gens disent +Rendez-nous nos milliards+, ça n'a pas de sens", a insisté vendredi le ministre de la Justice, Musah Dean.
M. Dean a souligné que la somme de 16 milliards de dollars libériens était proche des 17 milliards en circulation dans le pays et que si ce montant avait disparu, "il n'y aurait plus d'argent dans l'économie".
Le gouvernement de George Weah a néanmoins interdit à une série de personnes "requises pour aider dans l'enquête" de quitter le pays", selon un communiqué publié mercredi par le ministère de l'Information.
Parmi les personnes concernées figurent Milton Weeks, Charles Sirleaf, fils de Mme Sirleaf qui travaille à la Banque centrale depuis les années 2000, ou encore l'homme d'affaires libanais George Abi Jaoudi, un proche de l'ex-présidente.
De son côté, le ministère de la Justice avait indiqué mercredi que le Liberia avait sollicité dans cette enquête l'aide des Etats-Unis et du Fonds monétaire international (FMI).
Le Liberia, petit pays pauvre d'Afrique de l'Ouest, est confronté depuis plus d'un an à la dépréciation de la monnaie locale, qui rend les marchandises importées inaccessibles pour la majeure partie de la population.
Avec AFP