Le manque criard des infrastructures routières et l’enclavement des bassins de production dans la région camerounaise du Nord-Ouest, frontalière du Nigeria, ont figuré parmi les revendications portées à l’attention du gouvernement par les leaders de la société civile anglophone.
Ces derniers ont décrié l’absence des routes bitumées reliant les départements de la région du Nord-Ouest lors du "grand dialogue national" tenu en 2019 pour prendre en compte des revendications des populations des zones anglophones, en proie à une crise séparatiste depuis 2016.
L’une des recommandations des assises convoquées par le président Paul Biya a été de résoudre l’épineux problème des voies d’interconnexion routières. "Le peuple de la région du Nord-Ouest attendait impatiemment la Ring Road", a réagi Fru Angwafor III, président du Conseil régional de la région du Nord-Ouest.
De Bamenda au Nigeria
En tout 280 km de la Ring Road vont être aménagés et réhabilités sur une linéaire qui forme une boucle et dessert les principales localités de la région du Nord-Ouest à partir de Bamenda. Avec, en plus, un raccordement à la frontière nigériane à partir de la localité de Misaje.
"La Ring Road traverse mon village Babungo, donc c’est une bonne initiative j’espère que ça va commencer vite parce qu’on attendait depuis des années", exulte une riveraine du tracé, contactée via l'application WhatsApp par VOA Afrique.
"C’est une bonne nouvelle pour le Nord-Ouest", ajoute un autre ressortissant de la région. "Ça va impacter positivement l’économie dans la région", soutient une autorité municipale de la localité de Nkambe, concernée par la linéaire.
Financements de la BAD
Le 22 juin 2020, soit 8 mois après la fin les assises du dialogue, le président Biya a autorisé la signature d’un accord de prêt d’un montant de 106 milliards de francs CFA pour la construction de la "Ring Road". Il a fallu attendre 12 mois pour voir aboutir le processus de financements.
"Nous voulons que ce projet démarre effectivement cette année pour permettre à la population de constater les bienfaits d’une route qui va consolider la paix, une route qui va permettre le développement de cette région, mais une route qui va permettre aussi l’interconnexion entre le Cameroun et le Nigeria", a mentionné à Yaoundé Serges N’guessan, directeur général de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’Afrique centrale, signataire de l’accord de prêt.
Enjeux politiques
Le pouvoir de Yaoundé ne lésine pas sur la portée politique de cette route. "Le chef de l’Etat l’a dit, d’accélérer la construction et la reconstruction de certaines infrastructures indispensables à la stabilité, à la paix mais aussi au développement économique dans cette région, donc sur le plan politique, le chef de l’Etat vient de tenir promesse, les financements sont disponibles pour réaliser cette importante infrastructure", soutient Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie, de la planification et de l’aménagement du territoire.
"Le Nord-Ouest est l’une des régions les plus riches en matière de potentiel agricole. La route va permettre de désenclaver les bassins de production et ouvrir les débouchées vers les différents pays de la sous-région en commençant par notre marché national", rappelle par ailleurs le ministre de l’économie.
La livraison de cette infrastructure routière est prévue pour le 31 décembre 2024. Le projet va s’accompagner d’autres aménagements tels que des établissements scolaires, des magasins de stockage des produits agricoles, la construction des centres multifonctionnels des jeunes de cette partie du Cameroun.