Même si aucune loi n’interdit l’homosexualité, les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transsexuels sont marginalisés et victimes de violence de tous genres.
Youssouf est homosexuel, pour cette raison, il a été expulsé de la maison qu’il loue.
"Voir des gens efféminés qui viennent chez toi à la maison, dans une cour musulmane, des femmes qui marchent comme des garçons, ça soulève beaucoup de questions. Le propriétaire de la cour m’a dit qu’il ne veut pas voir ce genre de personne chez lui. Il m’a donné trois mois, mais pendant ces trois mois, je n’avais plus accès ni au courant ni à l’eau", raconte-t-il, non sans émotion.
Lui se fait appeler Rosé Fecha, il est bisexuel. Pour éviter la haine et la furie des homophobes, il a décidé de cacher son appartenance sexuelle.
Il s’explique : "je suis chrétien. J’ai essayé de camoufler mon vrai comportement. Mais c’est tout récemment que ma photo s’est retrouvée sur les réseaux sociaux. Si tu veux parler ou t’expliquer, ça va rentrer dans des choses que toi-même, tu ne pourras pas contrôler. Donc j’ai préféré me taire sur le sujet".
Défendre les droits des personnes LGBT, c’est la mission que s’est assignée l’ONG Action Secours Social. Une organisation qui ambitionne rétablir les LGBT dans leurs droits, mais également lutter contre le VIH/SIDA chez ces personnes. Lucien Lagô en est le responsable.
D’un air triste, il avoue : "souvent quand tu entends parler d’un LGBT, c’est touchant. Ils sont traités de malades, de maudits. Ils sont traités de tout, or, c’est des êtres humains. Ce sont des personnes très vulnérables. Coté santé, c’est des personnes qui ont peur d’aller dans les centres de santé. Or, le taux de VIH dans cette communauté est plus élevé vu le rejet".
Toujours selon Lucien Lagô, les actions de sensibilisation menées auprès des religieux commencent à porter fruits.
"On a essayé de croiser des imams, faire des plaidoyers avec eux. Ce n’était pas facile. Mais après cela, ces imams ont compris beaucoup de choses. Ils ont commencé à accepter. Les personnes qu’on déteste tellement, qu’on maudit chaque jour, ce sont nos enfants".
Plusieurs cas de violence envers les LGBT ont été enregistrés à Bouaké. Le dernier en date remonte au mois de mars 2019. Un jeune gay a subi une attaque à la machette. Par peur, il a décidé de garder le silence sans jamais porter plainte contre ses agresseurs.