Dans une lettre bicamérale datée du 2 novembre, seize législateurs démocrates, dont la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, et le sénateur indépendant Bernie Sanders, exhortent le président Joe Biden à user de son autorité "pour annuler les médailles d'honneur décernées aux soldats qui ont perpétré le massacre de Wounded Knee le 29 décembre 1890", tuant de nombreux hommes, femmes et enfants Sioux Lakota dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud.
Ce matin-là, il y a plus d'un siècle, environ 230 femmes et enfants étaient dans leurs tipis, tandis que quelques 120 hommes tenaient un conseil. 470 soldats du 7eme régiment de cavalerie, appuyés par quatre mitrailleuses Hotchkiss, ont alors encerclé leur campement avec l'ordre de convoyer les Lakota en train vers Omaha dans le Nebraska.
Le commandant avait reçu l'ordre de procéder à un désarmement préalable. Les Lakota se sont rendus et étaient en train d'être désarmés lorsqu'un coup de feu accidentel a été tiré. Les Amérindiens ont été mitraillés.
Plus de 153 Sioux de la tribu du grand chef Lakota, Si Tanka (Big Foot), dont 62 femmes et enfants, ont été tués. 26 soldats de la cavalerie ont également perdu la vie ; des pertes qui, pour la plupart, étaient le résultat de tirs amis, selon les historiens.
De nombreux autres Sioux sont morts de leurs blessures. Les cadavres des Amérindiens furent enterrés dans une fosse commune sur le lieu du massacre.
Le devoir de vérité
Vingt soldats du régiment avaient reçu la Médaille d'honneur pour leurs actions à Wounded Knee, soulignent les législateurs dans leur lettre.
La plus haute distinction militaire américaine est décernée pour bravoure au nom du Congrès, rappellent-ils, disant que "ces actes n'étaient pas héroïques, mais plutôt tragiques et profondément honteux."
En 1990, le Congrès américain avait reconnu le 100e anniversaire du massacre, exprimant son "profond regret au nom des États-Unis" pour la "terrible tragédie."
En 2001, la tribu Sioux de Cheyenne River a appelé le gouvernement fédéral à déclarer ces médailles "nulles et non avenues à la lumière de la violence envers les non-combattants non armés", indique la lettre.
"Pour les familles et les descendants des personnes massacrées, la révocation de ces 20 médailles d'honneur aurait un impact profond et durable", concluent les législateurs, estimant qu'il est "grand temps d'enlever cette tache de l'histoire" des Etats-Unis.
Plus de 900 médailles d'honneur annulées
Le 22 février dernier, le Sénat du Dakota du Sud a soutenu à l'unanimité une résolution exhortant le Congrès américain à lancer une enquête sur ces récompenses.
"Cela ne changera pas ce qui s'est passé là-bas. Cela nous donnera une chance de commencer une nouvelle histoire qui reconnaîtra que ce que nous avons fait ce jour-là était mal", a déclaré à l'époque le sénateur Troy Heinert, cité par Associated Press.
En septembre, la Chambre des représentants a adopté la loi sur l'Autorisation de la Défense Nationale. Cette législation contient un amendement issu du Remove the Stain Act de 2019 qui appelle à la révocation de la médaille d'honneur des membres du 7e régiment de cavalerie qui ont perpétré ce massacre il y a plus d'un siècle.
Le gouvernement américain a décerné plus de 3 500 médailles d'honneur, dont environ 400 à des soldats qui ont combattu contre les Amérindiens.
Selon la Société de la Médaille d'Honneur, plus de 900 récompenses ont été annulées en 1916 -dont la plupart décernées pendant la guerre civile- mais jusqu'à ce jour, aucune médaille en lien avec des batailles contre les Amérindiens n'a été révoquée.