Conseillers à la Maison Blanche, diplomates et hauts responsables de l'administration défileront devant la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, qui mène au pas de course l'enquête contre le président américain.
Leurs témoignages seront retransmis en direct à la télévision, comme ceux de trois diplomates entendus la semaine dernière. Le but? Permettre aux Américains de se forger leur opinion sur les efforts déployés par le président pour obtenir que l'Ukraine enquête sur un rival potentiel à la présidentielle de 2020.
Pour les démocrates, "les faits sont incontestables: le président a abusé de son pouvoir à des fins personnelles aux dépens des intérêts de notre sécurité nationale", a estimé lundi leur chef au Congrès, Nancy Pelosi.
Donald Trump, qui dit "envisager sérieusement" de témoigner à son tour, et ses défenseurs républicains dénoncent pour leur part une "chasse aux sorcières" sans précédent.
Le magnat de l'immobilier jure sur tous les tons que son appel du 25 juillet avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky - lors duquel il lui a demandé de "se pencher" sur le démocrate Joe Biden - était "parfait". Il assure n'avoir exercé "aucune pression" sur son interlocuteur, mais les démocrates le soupçonnent d'avoir gelé une aide militaire pour forcer la main à M. Zelensky.
- "Je ne me rappelle pas" -
Ils attendent donc beaucoup de l'audition mercredi de l'ancien ambassadeur américain auprès de l'Union européenne Gordon Sondland, qui, de son propre aveu, avait expliqué aux Ukrainiens que les 400 millions de dollars ne seraient pas débloqués s'ils n'annonçaient pas publiquement une enquête sur Joe Biden.
Ce riche homme d'affaires a obtenu ce poste après avoir donné un million de dollars au comité d'investiture de Donald Trump. Contrairement aux diplomates entendus jusqu'ici, il était en lien direct avec le président républicain cet été.
Lors de son interrogatoire à huis clos, M. Sondland avait éludé de nombreuses questions, invoquant à une centaine de reprises "ne pas se rappeler" de réunions ou d'appels cités par d'autres protagonistes de l'affaire.
Il avait également nié que l'aide militaire ait servi à faire levier sur le gouvernement ukrainien. Contredit par d'autres témoins, il avait fait un additif à sa déposition, expliquant s'être "souvenu" récemment "en avoir parlé, en aparté" avec un conseiller du président ukrainien.
Depuis, il est apparu qu'il avait aussi omis de mentionner avoir discuté avec Donald Trump le 26 juillet, juste après l'appel entre MM. Trump et Zelensky. M. Sondland, qui risque des poursuites pour parjure, retrouvera-t-il le souvenir de cet échange?
- Inconfortable -
Avant d'entendre M. Sondland, les élus auditionneront mardi matin un conseiller à la Maison Blanche et militaire respecté, Alexander Vindman. Membre du Conseil de sécurité nationale, il s'était inquiété du chantage exercé sur Kiev dès le 10 juillet et avait saisi les services juridiques de la présidence.
Il sera entendu aux côtés de Jennifer Williams, une collaboratrice du vice-président Mike Pence.
Dans l'après-midi, l'émissaire américain en Ukraine Kurt Volker pourrait se retrouver en position inconfortable. Le diplomate a reconnu avoir mis en contact des responsables ukrainiens et l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, qui a mené pendant des mois une campagne pour convaincre Kiev d'enquêter sur Joe Biden.
Timothy Morrison, lui aussi membre du Conseil de sécurité nationale, témoignera à ses côtés.
La juxtaposition de ces témoins laisse penser que les démocrates, qui contrôlent la Chambre des représentants, espèrent pouvoir voter rapidement sur la mise en accusation formelle du président ("impeachment), peut-être avant Noël.
Donald Trump devrait toutefois échapper à une destitution, la charge de le juger revenant au Sénat, aux mains des républicains, qui continuent de faire bloc autour de lui.
Avec AFP