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Deux des "Beatles", les cruels jihadistes de l'EI, transférés aux Etats-Unis


Alexanda Amon Kotey (g) et El Shafee Elsheikh deux des quatre djihadistes britanniques de la cellule du groupe Etat Islamique surnommée "The Beatles” à cause de leur accent le 30 mars 2019.
Alexanda Amon Kotey (g) et El Shafee Elsheikh deux des quatre djihadistes britanniques de la cellule du groupe Etat Islamique surnommée "The Beatles” à cause de leur accent le 30 mars 2019.

Deux jihadistes du groupe Etat islamique surnommés les "Beatles" étaient transférés mercredi vers les Etats-Unis, où ils seront jugés pour la prise d'otage et le meurtre de quatre journalistes et humanitaires américains.

Détenus jusqu'ici en Irak, Alexanda Kotey, 36 ans, et El Shafee el-Sheikh, 32 ans, "vont bientôt atterrir aux Etats-Unis", a annoncé lors d'une conférence de presse John Demers, responsable des questions de sécurité nationale au ministère américain de la Justice.

Les deux hommes seront présentés à 19H00 GMT à un juge fédéral à Alexandria, près de Washington, qui leur détaillera les chefs d'inculpation retenus contre eux: prises d'otage, meurtres en bande organisée et soutien à une entreprise terroriste.

"Ils étaient les meneurs d'un groupe brutal responsable de la prise d'otage de citoyens européens et américains, entre autres, de 2012 à 2015", selon l'acte d'accusation adopté la veille par un grand jury.

Les deux hommes, qui ont grandi et se sont radicalisés au Royaume-Uni, faisaient partie d'un quatuor surnommé par ses otages "les Beatles" en raison de leur accent anglais. Ils ont depuis été déchus de la nationalité britannique.

Leur groupe a enlevé plusieurs étrangers, torturé et décapité certains captifs, et a mis en scène leur calvaire dans des vidéos de propagande qui ont choqué le monde entier.

Leur procès, dont la date sera fixée ultérieurement et qui promet d'être hors-norme, sera sans doute aussi celui du groupe Etat islamique.

- Ils "voulaient aider" -

Parmi les victimes de leur groupe figurent quatre Américains: les journalistes James Foley et Steven Sotloff, tués en 2014, et les humanitaires Kayla Mueller et Peter Kassig.

Leurs familles ont salué dans un communiqué "une première étape dans la quête de la justice".

"Ces jeunes hommes n'étaient pas les instigateurs de ce plan (...), j'espère qu'ils pourront en incriminer d'autres qui se cachent peut-être encore dans d'autres parties de l'Europe ou dans certains camps de réfugiés", a indiqué Diane Foley, la mère de James, à l'AFP.

Ces quatre jeunes Américains assassinés "ont vu les souffrances du peuple syrien et voulaient aider, soit en apportant une aide humanitaire, soit en faisant connaître au monde les évolutions de la crise en Syrie", ont-elles rappelé.

Les "Beatles" ont également exécuté les Britannique David Haines et Alan Hemming et les Japonais Haruna Yukawa et Kenji Goto et retenu en otage des Français, Espagnols, Italien, Danois, Allemand, Néo-zélandais et Russe.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a salué le transfert des deux jihadistes. "Les Etats-Unis ne connaîtront pas de repos tant que ces terroristes présumés n'auront pas été tenus responsables de leurs crimes et que justice aura été rendue aux familles de leurs victimes", a-t-il tweeté.

- Elements de preuves -

Capturés en janvier 2018 par les forces kurdes en Syrie, Alexanda Kotey et El Shafee el-Sheikh avaient été placés sous le contrôle de l'armée américaine en octobre 2019 en Irak, en raison de l'offensive turque dans le Nord syrien.

Les Etats-Unis avaient déposé dès 2015 une demande d'entraide judiciaire auprès des autorités britanniques pour obtenir des éléments à charge contre les trentenaires.

Mais, en 2018, Londres avait mis cette collaboration en "pause". Le gouvernement britannique avait alors essuyé une pluie de critiques pour s'être abstenu de demander à ce que la peine de mort leur soit épargnée s'ils étaient jugés, une entorse à son opposition de principe à la peine capitale.

Fin août, les Etats-Unis ont assuré qu'ils épargneraient la peine de mort aux deux jihadistes. Dans la foulée, la justice britannique avait avalisé l'entraide judiciaire, ce qui a permis la transmission des preuves réclamées.

"Nous voulions construire le dossier le plus solide possible et, avec les preuves britanniques, je pense qu'on va y arriver", a estimé John Demers.

Figure la plus marquante de la cellule, Mohammed Emwazi, surnommé "Jihadi John", qui s'était distingué en apparaissant tout de noir vêtu avec un couteau de boucher sur des vidéos de propagande, a été tué dans un bombardement américain sur la Syrie en novembre 2015.

Le quatrième "Beatle" reste emprisonné en Turquie.

"Mon message aux terroristes est le suivant. Si vous faites du mal à un Américain, vous connaîtrez le même sort que ces hommes", a assuré John Demers: "Vous ferez face à la force américaine sur les champs de bataille" ou "dans les tribunaux".

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