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Deux jours d'opérations, un assaut au sol: le récit de la mort de Droukdal


Abdelmalek Droukdal dans une vidéo d'archives du 8 mai 2007 diffusée par la chaîne d'information arabe Al-Jazeera après une attaque en Algérie. (IntelCenter / AFP)
Abdelmalek Droukdal dans une vidéo d'archives du 8 mai 2007 diffusée par la chaîne d'information arabe Al-Jazeera après une attaque en Algérie. (IntelCenter / AFP)

Une plaine piquée de rochers au milieu du désert, une chaleur accablante et moite, des forces spéciales et des hélicoptères de combat pour un assaut qui dure jusqu'au soir. Au bout, la mort du chef d'Al-Qaïda au Maghreb.

L'armée française a, pour la première fois, fourni jeudi des détails sur la façon dont elle a "neutralisé" celui qu'elle qualifie de "troisième adjoint" du chef suprême d'Al-Qaïda, Ayman Zawahiri.

Révélée par l'AFP vendredi puis confirmée par la ministre des Armées Florence Parly, la mort de l'Algérien Abdelmalek Droukdal est d'abord le fruit d'un minutieux travail de renseignement et d'une traque conclue par une intervention en plein jour, à une dizaine de kilomètres de la frontière algérienne, à l'Est de la ville malienne de Tessalit, selon une source proche des opérations de l'état-major des armées.

Au final, une quinzaine d'hommes ont été déposés par au moins deux hélicoptères de transport, avec un hélicoptère de combat Tigre et une Gazelle (hélicoptère polyvalent) en soutien et un drone en appui, a-t-elle indiqué lors d'un point-presse.

La capture de Droukdal n'a pas été possible. "Le but n'est pas forcément de tuer", a expliqué le responsable. Mais "dans le combat, les hommes voient des cailloux. Ils ne savent pas qui est derrière le fusil". Et d'ajouter: "ce type d'individus ne se rend pas".

L'armée n'explicite pas comment s'est déroulé l'engagement, se bornant à décrire des combats "au près", à courte distance.

- Une traque de 48 heures -

Quelques images diffusées aux journalistes (sans préciser leur chronologie dans l'assaut) montrent un véhicule 4X4 arrêté dans une zone désertique, au milieu d'amas de rochers à l'abri desquelles le jihadiste voulait probablement bivouaquer.

Quelques points noirs à l'écran: un jihadiste qui fuit, les forces spéciales qui se déploient puis, plus tard, reviennent vers un des appareils avec leur prisonnier, le seul à s'être rendu.

En tout, la traque aura duré environ 48 heures. "Ca faisait deux jours qu'on savait qu'il y avait une cible d'intérêt dans la région. Après, c'est tout un travail d'appui mutuel, entre les différentes sources de renseignement".

Les titres et identités des cibles ne viennent que progressivement. "C'est au fur et mesure qu'on arrive à préciser le renseignement, c'est une construction", a précisé le responsable, sans dévoiler l'origine des informations, mais en confirmant l'aide apportée par les Etats-Unis.

Une fois l'objectif identifié et localisé, "ça s'est fait dans la journée", dans un Nord-Mali déjà frappé par la saison des pluies. Des conditions qui ralentissent la progression des hommes au sol et rendent les images plus difficiles à interpréter.

Le responsable a salué à cet égard l'efficacité opérationnelle du "couple terre-air" avec "dans les deux cas des routiers de la clandestinité", des soldats capables de se déployer pendant trois semaines, par "45 degrés dehors", bien plus dans les engins.

En termes militaires, des "conditions extrêmement rustiques".

- Combats entre groupes jihadistes -

Outre leur prisonnier, remis aux autorités maliennes après avoir été interrogé par les forces françaises, les soldats ont saisi d'importantes données numériques (téléphones et cartes, ordinateur). En cours d'analyse, elles permettront peut-être d'expliquer ce que Droukdal, extrêmement discret habituellement, faisait dans la région.

Des affrontements opposent depuis quelques temps les groupes affiliés à Al-Qaïda à ceux de l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS). Des combats "violents" avec "des pertes de part et d'autres", selon la source française.

La présence de Droukdal aurait-elle un lien ? "C'est une vraie question", a-t-elle précisé, espérant que l'analyse des données permette de comprendre.

L'EIGS avait été désigné en janvier comme l'ennemi numéro un de la force antijihadiste Barkhane et ses alliés du G5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso). Mais c'est un cadre d'Al-Qaïda qui est tombé.

"Le fait d'avoir aujourd'hui focalisé un certain nombre de nos forces sur la menace la plus virulente et la plus urgente ne nous a pas détourné complètement de la surveillance d'autres franchises", insistait-on à l'état-major.

Une fois l'opération terminée, les forces spéciales ont "appliqué les normes des conflits armés: on a enterré les combattants ennemis sur place". Le prisonnier, lui, "répondra de ses actes devant la justice".

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