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Deux manifestants anti-putsch tués au Soudan


Un homme tient un drapeau national soudanais devant les flammes d'une barricade alors que les gens protestent contre le coup d'État militaire au Soudan, dans la "rue 60" à Khartoum, le 13 novembre 2021.
Un homme tient un drapeau national soudanais devant les flammes d'une barricade alors que les gens protestent contre le coup d'État militaire au Soudan, dans la "rue 60" à Khartoum, le 13 novembre 2021.

Deux manifestants ont été tués par balles mercredi à Khartoum alors que des milliers de Soudanais manifestent à nouveau contre le coup d'Etat militaire, bravant une répression qui a déjà fait 26 morts et la coupure désormais totale des communications.

Depuis le putsch il y a plus de trois semaines, les militants ont appris à mobiliser via SMS plutôt que sur les réseaux sociaux, mais depuis mercredi à la mi-journée, ils ne peuvent même plus s'écrire sur leurs téléphones ou s'appeler.

Le 25 octobre, le général Abdel Fattah al-Burhane a rebattu les cartes d'une transition qui battait de l'aile depuis des mois. Il a fait rafler la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir et mis un point final à l'union sacrée entre civils et militaires qui avait renversé en 2019, sous la pression de la rue, le dictateur Omar el-Béchir.

Dans ce pays où plus de 250 manifestants avaient péri lors de cette révolte, 26 personnes ont été tués depuis le récent putsch, parmi lesquels trois adolescents, note l'Unicef qui s'inquiète d'un usage "excessif" de la force contre des manifestants pacifiques.

Les organisations de la société civile peinent de plus en plus à communiquer au monde le bilan des violences même si un syndicat de médecins prodémocratie est parvenu mercredi à annoncer sur les réseaux sociaux deux nouveaux morts et des "dizaines de blessés par balles" à Khartoum.

Les forces de sécurité, elles, assurent ne pas ouvrir le feu et la télévision d'Etat a même annoncé l'ouverture d'une enquête sur la journée de manifestations de samedi, la plus meurtrière depuis le putsch avec huit morts, selon le syndicat de médecins.

"Remettre la transition sur les rails"

Outre Khartoum, des défilés conspuant le général Burhane se sont également déployés mercredi à Port-Soudan (est), a constaté un journaliste de l'AFP.

Alors qu'aucune solution politique ne semble en vue après le coup de force qui a mis à l'arrêt une transition battant de l'aile depuis des mois, Washington a multiplié les appels du pied.

Après les sanctions, Washington a annoncé être prêt à soutenir de nouveau le Soudan, si "l'armée remet le train (de la transition) sur les rails", a prévenu le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, lors d'une visite à Nairobi, au Kenya.

Son émissaire à Khartoum ces derniers jours, la vice-secrétaire d'Etat pour les Affaires africaines, Molly Phee, a fait la navette entre civils - comme le Premier ministre Abdallah Hamdok toujours en résidence surveillée - et militaires, notamment le général Burhane, pour tenter de relancer la transition démocratique au Soudan, sorti en 2019 d'une dictature militaire quasi-continue depuis l'indépendance en 1956.

Mais le chef de l'armée semble ne pas envisager de retour en arrière: il s'est récemment renommé à la tête de la plus haute institution de la transition, le Conseil de souveraineté. Et a reconduit tous ses membres militaires ou pro-armée, remplaçant uniquement quatre membres partisans d'un pouvoir entièrement civil par d'autres civils, apolitiques.

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"Non au pouvoir militaire" et "Le peuple a choisi les civils", répondent mercredi les manifestants qui accusent le général Burhane d'être un partisan de l'ancien régime, une alliance entre militaires et islamistes au pouvoir durant 30 ans.

Pour endiguer le mouvement, les rafles continuent et des centaines de militants, de passants ou de journalistes ont été arrêtés, à l'instar du chef du bureau d'al-Jazeera, Al-Moussalami al-Kabbachi, finalement relâché mardi.

Selon un syndicat de médecins pro-démocratie, les forces de sécurité sont allées jusqu'à arrêter médecins et blessés dans des hôpitaux de la capitale.

Sur le plan politique, les militaires tardent à nommer les nouvelles autorités qu'ils promettaient depuis des jours de façon "imminente".

Mme Phee a plaidé pour le retour de M. Hamdok, dont les quelques ministres libres affirment être toujours l'unique cabinet "légitime", refusant de négocier avec les généraux depuis le 25 octobre.

Le général Burhane, lui, continue de promettre des élections en 2023 et assure n'avoir agi que pour "corriger la trajectoire de la révolution", comme il l'a redit mardi à Mme Phee.

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