Deux présumés voleurs ont été lynchés par une foule en colère à Mbandaka, lointaine capitale de la province de l'Équateur, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo, selon des sources concordantes.
"Deux personnes ont été lynchées par une foule incontrôlée (...) à un endroit où nos forces de police ne se trouvaient pas", a déclaré à l'AFP le gouverneur de l'Équateur Tony Bolamba, joint à Mbandaka (700 km au nord-est de Kinshasa).
"A l'aube de mercredi, un bandit parmi les six qui avaient dévalisé la maison d'un pasteur (...) a été torturé, sa poitrine perforée par sa propre lance, ensuite aspergé d'essence et brûlé vif", a expliqué à l'AFP Trésor Bokata, un enseignant affirmant avoir été témoin de la scène.
Un deuxième bandit, dénoncé par le premier voleur tué, a également été lynché quelque temps après, a témoigné Nathalie Nkalanga, une infirmière de Mbandaka dont les propos ont été confirmés par M. Bolamba.
"Je déplore cet incident, on ne peut pas se rendre justice soi-même. J'appelle la population à s'en remettre à la justice", a déclaré le gouverneur Bolamba,
Pour Valentin Itela, vice-président de la société civile de l'Équateur, ces actes de "dérapages déplorables" témoignent de "la déception" de la population confrontée à l'insécurité depuis un mois.
"Des brigands opérant à bord d'une camionnette dévalisent les maisons des privés, violent les femmes sans que la police et les autorités ne mettent un terme à ces actes".
L'Équateur, partagé depuis 2015 en cinq entités, est la province d'origine de l'ancien dictateur Mobutu Sese seko chassé du pouvoir en 1997 par Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel président de la Républiqu. Sa population se dit victime de stigmatisation et d'oubli de la part des autorités.
Ce dernier incident, et les foyers de tensions actuels à travers plusieurs régions de la RDC, rappellent une vague de violences qui avaient éclaté simultanément dans l'est, dans le centre et dans le sud-est vers la fin de l'année 2016, coïncidant avec le terme du mandat de M. Kabila (20 décembre).
En février, les évêques catholiques disaient redouter "une planification" de ces violences "en vue de retarder ou d'empêcher la tenue des élections" d'ici la fin de l'année 2017.
Avec AFP