Dans un communiqué, la CPI explique avoir délivré "un deuxième mandat d'arrêt contre Mahmoud Mustafa Busayf Al-Werfalli pour sa responsabilité présumée de meurtre en tant que crime de guerre", les juges ayant estimé disposer "de motifs sérieux de croire" qu'il "aurait abattu 10 personnes en face de la mosquée Bi'at al-Radwan à Benghazi" (est) le 24 janvier.
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Un double attentat à la voiture piégée avait fait près de 40 morts le 23 janvier dans la deuxième ville de Libye. Selon des témoins, le commandant Werfalli a exécuté le lendemain sur les lieux de l'attentat une dizaine de prisonniers jihadistes présumés en guise de vengeance.
Les juges se sont notamment fondés sur des images vidéo qui montreraient le commandant tirant personnellement sur des prisonniers cagoulés et attachés ou ordonnant à un peloton d'exécution de les abattre.
Le commandant est déjà visé par un premier mandat d'arrêt de la CPI émis le 15 août 2017, l'accusant de "crimes de guerre" dans au moins sept événements similaires en 2016 et 2017 au cours desquels 33 personnes ont été tuées. Il aurait lui-même tiré sur des civils ou des combattants blessés ou ordonné leur exécution.
Mahmoud Al-Werfalli, né en 1978, est un des commandants d'Al-Saiqa, une unité d'élite qui a fait défection de l'armée libyenne après le soulèvement contre le dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 et se bat depuis aux côtés des forces loyales à l'homme fort libyen Khalifa Haftar à Benghazi.
En février, le commandant Werfalli avait affirmé dans une vidéo sur son compte Facebook s'être rendu à la police militaire de l'Armée nationale libyenne (ANL, autoproclamée par le maréchal Haftar) à la suite du premier mandat d'arrêt de la CPI. L'information n'a pu être vérifiée de source indépendante.
Les forces loyales au maréchal Haftar avaient indiqué l'été dernier avoir arrêté M. Al-Werfalli, ajoutant qu'il faisait l'objet d'une "enquête devant le procureur général militaire" et semblant ainsi vouloir écarter une remise à la CPI.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a réclamé à plusieurs reprises l'arrestation de M. Werfalli, ainsi que de Seif al-Islam Kadhafi, fils de l'ex-dictateur, et de Al-Tuhamy Mohamed Khaled, ex-chef de l'Agence de sécurité intérieure libyenne, également recherchés pour crimes de guerre.
Avec AFP