"La Coalition de 33 organisations de promotion et de défense des droits de l’homme (CRC) rejette tout dialogue qui ne s’inscrit pas dans le cadre de la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité et en appelle vivement à la responsabilité de M. Edem Kodjo à s’engager d’abord publiquement quant à sa soumission à ladite résolution et proposer aux parties prenantes un accord devant permettre de faire organiser l’élection présidentielle en novembre prochain", indique le communiqué émis à ce sujet.
La Coalition se déclare "profondément préoccupée par les contours flous du dialogue national annoncé par M. Edem Kodjo, facilitateur de l’Union Africaine, et des menaces d’arrestation qui pèsent sur certains leaders de l’opposition politique et de la société civile en République démocratique du Congo", précise Me Georges Kapiamba, Coordonnateur de la Coalition de 33 ONG, interviewé par VOA Afrique.
M. Kodjo a affirmé lundi à Kinshasa que le dialogue national se tiendrait dans le respect de la Constitution et exhorté l’opposition d’y participer. Le facilitateur africain a, par la même occasion, fait part de sa volonté de trouver une médiane entre le pouvoir qui souligne l’impossibilité d’organiser l’élection dans le délai constitutionnel et l’opposition qui réclame à cor et cri le respect de la Constitution.
Pour la plateforme (CRC), le facilitateur désigné par l’UA n’a fourni aucune garantie pouvant rassurer que le dialogue annoncé ne se tiendra pas conformément à l’ordonnance no 15/084 du 28 novembre 2015, mais plutôt de la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations Unies du 30 mars 2016.
"A aucun moment M. Edem Kodjo n’a fait allusion à la résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations Unies en ce qu’elle insiste pour que ledit dialogue rentre entièrement dans les prévisions de la Constitution concernant le délai légal de la tenue des élections présidentielle et législatives," se plaint Me Kapiamba.
La CRC dénonce, par ailleurs, les attitudes de la majorité au pouvoir à Kinshasa qui sont "encore très loin de rassurer les autres acteurs de la scène politique, qui pensent autrement, tout comme ceux des défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie". "Ces derniers vivent sous la menace permanente proférée à leur encontre par les partisans d’un ‘glissement’ du mandat du Président Joseph Kabila", affirme Me Kapiamba.
La Coalition aussi rappelle que la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinions ainsi que la réouverture des médias indépendants et proches de l’opposition constituent un préalable essentiel réclamé par toutes les forces vives de la Nation avant la tenue du dialogue national inclusif.
La CRC s’inquiète de même du resserrement de l’espace d’expression des libertés publiques sur l’ensemble du territoire national et qui compromet les chances de parvenir à une alternance pacifique et "civilisée" au pouvoir.
"Certains opposants et membres de la société civile deviennent de plus en plus insécurisés, et même pendant que le Facilitateur de l’Union Africaine se trouve à Kinshasa pour tenter de nouer les fils du dialogue entre les protagonistes de la scène politique nationale. C’est les cas de l’ancien Gouverneur du Katanga Moise Katumbi et Freddy Matungulu, tous candidats déclarés à la présidentielle, et Monsieur Jonas Tshiombela de la société civile", dénonce la plate-forme.
A ces des actes de répression que multiplie le gouvernement congolais dans certaines provinces, la CRC ajoute l’acheminent, récemment, de "plusieurs milliers d’hommes de troupes ainsi que de chars de guerre et autres matériels militaires sans raison valable", créant un "un climat délétère » qui précède la tenue de prochaines élections.
Plusieurs plateformes de l’opposition ont déjà annoncé leur refus à participer au dialogue politique que le président Joseph Kabila a convoqué.
L’opposition et la société civile accusent M. Kabila, au pourvoir depuis 2001, de vouloir se maintenir au pouvoir alors que le Constitution lui interdit de se représenter après deux mandats.
Le président avait hérité du pourvoir après l’assassinat de son père mais pu organiser les élections au bout desquelles il a dirigé le pays pendant deux mandats.
Il y un mois, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé qu’elle ne pourra organiser l’élection présidentielle avant décembre 2016 comme le prévoit la Constitution car il faudra d’abord réviser le fichier électoral, une opération qui, selon elle, devrait mettre 13 à 16 mois.