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Dialogue politique sans les principaux opposants en Guinée équatoriale


Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, 3 janvier 2017. (Facebook/ Teodoro Obiang Nguema)
Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, 3 janvier 2017. (Facebook/ Teodoro Obiang Nguema)

Un "dialogue national" voulu par le président Teodoro Obiang Nguema s'ouvre lundi en Guinée Equatoriale, en l'absence des principaux leaders de l'opposition et après l'annonce d'une amnistie des prisonniers politiques restée jusque-là lettre morte.

Pour le président Obiang, au pouvoir depuis 1979, l'objectif annoncé était de "permettre une large participation de tous les acteurs politiques" pour "préserver la paix et le développement que le pays connaît actuellement".

Il s'était engagé à garantir "liberté" et "sécurité" à tous les participants à ce dialogue, auquel ont été conviés et seront présents, pour la première fois, la société civile, l'Eglise et la communauté internationale.

Mais lundi, aucun des militants incarcérés de Citoyens pour l'innovation (CI, principal parti d'opposition) qui devaient être libérés après l'annonce, au début du mois, d'une "amnistie totale" ne l'a été.

>> Lire aussi : Les prisonniers "toujours" incarcérés malgré l'amnistie en Guinée équatoriale

Quant aux poids lourds de l'opposition en exil, invités par M. Obiang, ils ne sont pas venus à Malabo.

"Devant ce panorama politique, nous n'attendons rien de ce dialogue", a confié lundi à l'AFP Gabriel Nse Obiang, leader CI.

CI a été dissous en février et une trentaine de ses membres sont emprisonnés depuis fin 2017. Le parti, qui n'a pas été invité au dialogue, parle déjà d'"échec".

Les dix-sept partis légalisés dans le pays ont eux confirmé leur présence.

A la surprise générale, le président Obiang avait décrété le 4 juillet "une amnistie totale" en faveur de tous les prisonniers politiques et de tous les opposants condamnés ou interdits d'activité.

L'amnistie était l'une des principales conditions posées par l'opposition de l'intérieur et de la diaspora pour prendre part à ce dialogue national. Mais lundi, les prisonniers politiques étaient toujours incarcérés.

En 2014, le pouvoir avait également annoncé une amnistie mais tous les prisonniers n'avaient pas été libérés, selon Amnesty International.

"Tromperie"

Les principales figures de l'opposition en exil, en particulier Severo Moto Nsa, conviées par le pouvoir sont restées à l'étranger, estimant que ce dialogue était une "opération d'image" pour le régime et de la "tromperie".

Selon un diplomate européen d'Afrique centrale, le dialogue lancé par le président Obiang est "un jeu de dupes, tout le monde le sait". "Pour un vrai dialogue (...), il faudrait des élections vraiment libres".

Les attentes autour de ce dialogue, le 6e depuis 1979, sont néanmoins nombreuses dans ce pays dirigé d'une main de fer par le clan Obiang où les 1,2 million d'habitants vivent en grande majorité dans la pauvreté.

"Il faut qu'on commence un processus de transition qu'on n'a jamais fait, (...) que la Guinée équatoriale soit un Etat démocratique et de droit, que les Equato-Guinéens aient la capacité d'élire leurs dirigeants. Nous attendons que le pays change", a déclaré Andres Esono Ondo, secrétaire général du parti Convergence pour la démocratie sociale (CPDS, deuxieme parti d'opposition).

>> Lire aussi : Le parti au pouvoir proteste contre "l'ingérence de l'Espagne" en Guinée équatoriale

"La corruption doit finir, il faut qu'il y ait la justice, construire des institutions fortes (...) le respect des droits des autres", a déclaré à l'AFP Tomas Mba Monabangn, ancien candidat indépendant malheureux à l'élection présidentielle de 2016.

Dans ce dialogue doivent être discutés "des sujets tels que la démocratie, les droits de l'homme", a le ministre de l'Intérieur, Clemente Engonga Nguema Onguene, à la télévision d'Etat.

Les ONG et la communauté internationale ne cessent de s'inquiéter du non-respect des droits de l'homme dans ce pays d'Afrique centrale, malgré les démentis des autorités.

L'opposition dénonce régulièrement les exactions dont sont victimes ses militants emprisonnés. CI a récemment dénoncé, pour la seconde fois en 2018, le décès d'un de ses militants "des suites de tortures" en prison.

L'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, avait alors fait part de "sa consternation". Le parti au pouvoir à Malabo, le Parti démocratie de Guinée équatoriale (PDGE) avait crié à l'"ingérence" espagnole, exprimant son "malaise" quant à ces "fausses morts" d'opposants en prison.

Avec AFP

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