Le chef de l'État russe a atterri vers 19h00 locales (13H30 GMT) dans la capitale indienne New Delhi, accompagné de plusieurs poids lourds de son gouvernement. Il doit s'entretenir et dîner dans la foulée avec son hôte, le Premier ministre Narendra Modi.
Sur la route que devait emprunter le convoi, des pancartes portant la photo de Vladimir Poutine lui souhaitaient la bienvenue en hindi et en russe, a constaté une journaliste de l'AFP voyageant avec la presse russe.
Le point d'orgue de ce déplacement, qui se conclura vendredi soir, sera la finalisation de l'achat par New Delhi de systèmes de défense antiaérienne russes S-400, avait annoncé le Kremlin en amont. Le contrat représenterait environ cinq milliards de dollars.
La défense est la pierre angulaire des liens diplomatiques entre la Russie et l'Inde, qui entretiennent historiquement une relation bilatérale privilégiée.
Les négociations pour l'acquisition de ce dispositif de missiles sol-air étaient en cours depuis de nombreux mois mais butaient face aux menaces de sanctions brandies par les États-Unis en cas d'achat d'armement russe.
En effet, le Congrès américain a adopté en 2017 une loi afin de punir la Russie pour son attitude en Ukraine et pour son ingérence dans l'élection présidentielle américaine. Ce texte impose des sanctions économiques contre toute entité ou pays qui conclut des contrats d'armement avec des entreprises russes.
L'Inde espère obtenir une dérogation de Washington, mais n'a pour l'instant reçu de sa part que des mises en garde.
"Nous appelons tous nos alliés et partenaires à renoncer aux transactions avec la Russie qui entraîneraient des sanctions", a déclaré mercredi un porte-parole du département d'État à l'agence indienne Press Trust of India, indiquant que les S-400 tombaient sous le coup de cette législation.
Les États-Unis sont toutefois confrontés ici à un dilemme épineux. Ils ne souhaitent pas froisser leur allié indien, les deux puissances ayant le même intérêt à contrebalancer la montée de la Chine en Asie.
"Il est temps de montrer que nous ne nous laissons pas faire par Washington", a déclaré à l'AFP R.R. Subramanian, expert en affaires stratégiques basé à New Delhi.
- Modernisation militaire -
L'armée indienne est engagée dans un vaste effort de modernisation de son arsenal. Ce dernier est souvent obsolète et insuffisant pour faire face aux mutations géopolitiques de la région, notamment l'affermissement de la Chine.
Premier importateur mondial d'armement, le géant d'Asie du Sud achète des équipements à tour de bras. Autant d'acquisitions suivies de près par ses voisins pakistanais et chinois.
Selon les experts, les S-400 russes et la sophistication de leur technologie viendraient combler une carence stratégique des capacités de défense de l'Inde.
Ces missiles antiaériens, dans la lignée des 36 avions de chasses Rafale achetés à la France en 2016, représentent un "renforcement" pour le pays de 1,25 milliard d'habitants, a estimé mercredi le chef de l'Indian Air Force Birender Singh Dhanoa.
À New Delhi, MM. Poutine et Modi devraient également aborder un contrat de 200 hélicoptères légers polyvalent Ka-226, pour un milliard de dollars, et une possible vente de quatre frégates de classe Krivak, estimée à deux milliards de dollars. Les Russes sont les premiers fournisseurs d'armement de l'Inde, devant les Américains.
Les deux responsables politiques devraient aussi évoquer un projet de seconde centrale nucléaire bâtie par les Russes en Inde, alors que Moscou agrandit actuellement la plus grande installation nucléaire indienne à Kudankulam (Tamil Nadu, sud).
Le commerce bilatéral entre l'Inde et la Russie s'est établi à 7,71 milliards de dollars en 2016, selon des chiffres cités par la diplomatie indienne. Depuis son arrivée au pouvoir, le nationaliste hindou Narendra Modi a toutefois cultivé le rapprochement avec Washington, tandis que la Russie courtise de plus en plus le Pakistan et la Chine.
La dernière visite du président russe en Inde remontait à octobre 2016, lorsqu'il avait participé au sommet des Brics à Goa (ouest).
Avec AFP