Ces inondations, qui font d'ores et déjà partie des plus meurtrières en Afrique au cours des 20 dernières années, sont survenues vers 4 heures du matin, selon des témoins.
Un journaliste de l'AFP présent sur les lieux de la catastrophe après le lever du jour a vu des corps de victimes portés à bout de bras par des habitants et des maisons submergées par des coulées de boue dans deux quartiers de la ville, où des rues se sont transformées en rivières en crue.
Tout au long de la journée, le bilan n'a fait que s'alourdir: d'abord 18 morts, selon la Croix Rouge locale, puis 180, selon une source hospitalière. Dans l'après-midi, il est monté à 312 morts, selon un nouveau décompte de la Crois Rouge.
Mais il pourrait être encore plus élevé au final, a expliqué un porte-parole de la Croix Rouge, Patrick Massaquoi, alors que les services de secours étaient toujours dans les quartiers où des maisons ont été emportées par des glissements de terrain.
Corps entremêlés
A la morgue de l'hôpital Connaught, l'espace manquait pour accueillir tous les corps, dont ceux de nombreux enfants, a expliqué à l'AFP un employé de l'hôpital, Mohamed Sinneh.
D'autres corps étaient emmenés vers des morgues privées, a-t-il ajouté.
Des images impressionnantes diffusées par des médias locaux montraient des habitants traversant des rues avec de l'eau jusqu'à la taille et des corps étendus sur des sols détrempés.
De violents torrents d'eau rougie par la boue dévalaient des collines entre des petites maisons aux toits en tôle ondulée.
Une ONG locale, Society 4 Climate Change Communication (S4CCC-SL), a publié sur Twitter des photos de cadavres, dont une montrant cinq corps entremêlés et maculés de terre, dont celui d'au moins deux femmes et d'une petite fille.
Une partie de la colline surplombant le quartier de Regent s'est effondrée sur des habitations, ont aussi rapporté les médias locaux.
Six mois de pluie par an
Fatmata Sessay, qui vit au sommet d'une colline dans le quartier de Juba, a expliqué qu'elle-même, son mari et leurs trois enfants avaient été réveillés vers 04H30 du matin par de fortes précipitations s'abattant sur leur maison en terre, qui a ensuite été inondée.
La famille a réussi à s'échapper en montant sur le toit. "Nous avons tout perdu, nous n'avons plus d'endroit pour dormir", a-t-elle expliqué à l'AFP.
"Plus de 2.000 personnes sont sans abri", a estimé une responsable des services de secours, Candy Rogers, alors que la Sierra Leone est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique avec environ 60% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté selon les Nations unies.
Il pleut six mois par an et les inondations constituent un danger récurrent à Freetown, ville surpeuplée d'environ 1,2 million d'habitants où des habitations précaires sont régulièrement emportées par des pluies torrentielles.
En septembre 2015, des inondations avaient fait 10 morts et quelque 9.000 sans-abris dans la capitale de ce pays anglophone d'Afrique de l'Ouest.
Le ministre de la Santé avait à l'époque mis en garde contre les risques accrus de maladies liées à l'eau, comme le choléra.
Avec la Guinée et le Liberia, la Sierra Leone fait partie des pays d'Afrique de l'Ouest qui ont été les plus affectés par une épidémie d'Ebola entre 2013 et 2016 qui a fait plus de 11.300 morts et contaminée près de 29.000 personnes.
D'une manière générale, l'Afrique est régulièrement confrontée à des inondations meurtrières: plus de 6.000 morts entre octobre 1997 et janvier 1998 dans l'Est du continent (Somalie, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Ouganda), 764 morts et 125 disparus en Algérie en novembre 2001 ou encore au moins 377 morts pendant la saison des pluies 2010 en Afrique de l'Ouest.
Avec AFP