Sous l'effet de la pandémie de coronavirus et de l'invasion russe en Ukraine, l'inflation a atteint plus de 27% ce mois, soit son niveau le plus haut depuis près de deux décennies dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Depuis plusieurs mois, de nombreux Ghanéens manifestent contre la hausse croissante des prix alimentaires et des carburants, mettant sous pression le président Nana Akufo-Addo. Vêtus de rouge et de noir, des manifestants brandissaient des pancartes aux inscriptions: "Monsieur le Président, où avons-nous fait fausse route ?", "Nous souffrons Akufo-Addo" et "Le coût élevé de la vie va nous tuer".
Certains manifestants ont par la suite lancé des projectiles sur la police, celle-ci répliquant en faisant usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Quelle honte, nous étions là pour vous protéger et assurer votre sécurité, mais vous nous lancez des pierres", a écrit la police sur Twitter, tout en publiant des photos de membres des forces de l'ordre blessés."Ce comportement est inacceptable et doit être condamné", a poursuivi la police, qui a par la suite confirmé l'arrestation de 10 manifestants.
Ces dernières semaines, les difficultés économiques se sont encore accentuées avec la hausse des prix en tous genres liés à l'offensive russe en Ukraine, dans un pays déjà très endetté. "Nous souffrons", a lancé Baba Musah, un réparateur de téléphones portables qui s'est joint à la manifestation. "Nous ne pouvons pas nous payer trois repas par jour. Les prix des transports et de la nourriture sont trop élevés", s'est-il lamenté.
De nombreuses figures de l'opposition étaient présentes dans la manifestation organisée pendant deux jours par le groupe de pression Arise Ghana. Parmi elles, le député de l'opposition Sam George a dénoncé l'insoutenable coût de la vie au Ghana.
"Je sais qu'avant qu'Akufo-Addo ne devienne président, j'achetais du pain pour mes enfants à 3,50" cédis ghanéens (environ 42 centimes d'euros), a affirmé M. George."Aujourd'hui, j'achète la même miche de pain à 15 cédis (1,80 euros). Quelle infraction avons-nous commise ?", a-t-il lancé. L'économie ghanéenne est étranglée par le poids de sa dette publique, qui représente environ 80% de son PIB.