Les 230.000 électeurs djiboutiens sur une population totale d'environ un million sont invités à se rendre aux urnes pour désigner les 65 députés de l'Assemblée nationale, élus pour cinq ans lors d'un scrutin à un tour.
Seuls deux partis sont en lice, dont l'Union pour la majorité présidentielle (UMP) du président Ismaël Omar Guelleh, présente dans les six circonscriptions électorales de ce pays peu peuplé et désertique. Face à l'UMP, issu d'une formation au pouvoir depuis l'indépendance en 1977, l'Union pour la démocratie et la justice (UDJ) concourt seulement dans deux circonscriptions, dont celle de Djibouti-ville.
"Cette élection n'est qu'une formalité, rien ne va changer, et je ne vais pas voter parce que je ne me reconnais dans aucun des projets qu'ils promettent de mettre en place", a déclaré Ali, un homme sans emploi de 32 ans qui n'a pas souhaité donner son nom complet. Les principaux partis d'opposition, comme le Mouvement pour le renouveau démocratique (MRD) ou l'Alliance Républicaine Pour le Développement (ARD), ont boycotté ce scrutin qu'ils ont tous deux qualifié de "mascarade".
"Les élections (restent) non libres, non transparentes et non démocratiques", a déclaré le MRD dans un communiqué diffusé en janvier, dénonçant un système de "parti unique". L'Igad, groupement régional de pays d'Afrique de l'Est, a annoncé y envoyer une mission d'observation.
- "Dubai de l'Afrique" -
Lors des dernières législatives de 2018, l'UMP avait remporté 58 des 65 sièges. Cinq étaient revenus à l'UDJ et deux autres à de petits partis. Pour la présidentielle de 2021, Ismaël Omar Guelleh, 75 ans aujourd'hui, avait été réélu à plus de 97% face à un homme d'affaires fraîchement débarqué en politique et peu connu du grand public.
"Cette élection, de la même manière que l'élection présidentielle de 2021 ne sont pas vraiment prises au sérieux par la population. L'intérêt est très, très limité", analyse pour l'AFP Benedikt Kamski, de l'institut allemand Arnold Bergstraesser, qui travaille sur la Corne de l'Afrique.
Le président Guelleh dirige Djibouti depuis 1999. Ses quatre premiers mandats ont été marqués par un exercice du pouvoir autoritaire laissant peu de place à la contestation ou à la liberté de la presse, ainsi que par un développement de l'économie axé sur l'essor des ports et des structures logistiques. Territoire désertique, Djibouti est situé face à l'une des voies maritimes les plus empruntées au monde, entre l'océan Indien et le canal de Suez, une situation stratégique.
Le pays se rêve en "Dubaï de l'Afrique" et entend développer encore ses importantes infrastructures logistiques et ses services, grâce à des investissements étrangers, à commencer par ceux de la Chine. Cette dernière a entre autres financé la construction d'un nouveau chemin de fer reliant Djibouti à Addis Abeba, inauguré en 2017.
Début janvier, le président a annoncé un accord préalable avec une société basée à Hong-Kong pour la construction d'une base de lancement spatiale à un milliard de dollars sur cinq ans, qui deviendrait la seule en Afrique. C'est également un pays stable, situé en plein coeur d'une région troublée bordant la Somalie et l'Ethiopie, faisant face au Yemen et qui suscite l'intérêt des grandes puissances. Il accueille notamment des bases militaires américaine, française, japonaise et chinoise.
L'économie devrait croître de 5% en 2023 selon le FMI, après une année 2022 plombée par la guerre en Ukraine, les conséquences du conflit en Ethiopie et une sécheresse record dans toute la Corne de l'Afrique.