La Corée du Nord et les Etats-Unis ont surmonté des obstacles pour aboutir à leur sommet de mardi à Singapour, a déclaré Kim Jong Un à l'ouverture de ce tête-à-tête historique avec Donald Trump.
"Ravi de vous rencontrer M. le président", a dit mardi le dirigeant nord-coréen au locataire de la Maison Blanche. "Le chemin pour en arriver là n'a pas été facile", a-t-il ajouté. "Les vieux préjugés et les habitudes anciennes ont été autant d'obstacles, mais nous les avons tous surmontés pour nous retrouver ici aujourd'hui."
Donald Trump et Kim Jong Un ont échangé une poignée de main historique, la première entre un président américain en exercice et un leader nord-coréen.
Le président américain Donald Trump a dit sa conviction qu'il aurait "une relation formidable" avec le leader nord-coréen Kim Jong Un, peu après avoir échangé avec lui une poignée de main historique.
"Nous allons avoir une relation formidable", a déclaré M. Trump, assis au côté de l'homme fort de Pyongyang, une image longtemps inimaginable.
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Donald Trump et Kim Jong Un étaient en route mardi matin pour un face-à-face historique et longtemps inimaginable après des décennies de tensions liées aux ambitions nucléaires de Pyongyang.
Les deux hommes aux parcours et au style radicalement différents, que plus de 30 ans séparent, ont quitté leur hôtel de Singapour peu après 8 heures.
Elle sera suivie d'un tête-à-tête en présence seulement des interprètes, d'une rencontre avec leurs équipes respectives puis d'un déjeuner de travail.
Un peu plus de 500 jours après son arrivée à la Maison Blanche, il joue l'un des moments les plus importants de sa présidence sur la scène internationale, où il s'est mis nombre de dirigeants à dos, y compris parmi les alliés des Etats-Unis.
La décontraction de Kim
Kim Jong Un, qui n'avait jusqu'à cette année jamais effectué la moindre visite officielle à l'étranger, n'a encore rien dévoilé de son jeu.
Mais il est apparu très décontracté depuis son arrivée à Singapour. Lundi soir, le dirigeant nord-coréen, à la tête de l'un un des pays les plus fermés au monde, s'est offert une spectaculaire sortie nocturne, visitant, visiblement ravi, les hauts lieux touristiques de la ville.
Comment vont se parler les deux hommes ? Donald Trump sera-t-il aussi tactile qu'il sait l'être avec ses homologues des grandes puissances ? Combien de temps durera la rencontre ? Et aboutira-t-elle à la signature d'une déclaration commune?
Autant de questions auxquelles quelque 5.000 journalistes venus à Singapour du monde entier, selon l'exécutif américain, attendent une réponse.
L'arsenal nucléaire nord-coréen, qui a valu à Pyongyang une impressionnante série de sanctions de l'ONU au fil des ans, sera au coeur des discussions.
Personnage central de ce dialogue, le chef de diplomatie américaine Mike Pompeo, qui a rencontré Kim Jong Un à deux reprises, a assuré lundi que les discussions avaient progressé rapidement au cours des ultimes rencontres, se disant "très optimiste quant aux chances de réussite".
Avare en détails, il a simplement souligné que les Etats-Unis étaient prêts à apporter à la Corée du Nord des "garanties de sécurité uniques, différentes" de celles proposées jusqu'ici, si elle répondait aux demandes américaines.
Objectif affiché de Washington: la dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" de la péninsule. Pyongyang, qui a multiplié depuis 2006 les essais nucléaires et balistiques, s'est déclaré favorable à une dénucléarisation tout en restant jusqu'ici très vague sur les contours de cette dernière.
Possible résultat concret évoqué côté américain: un accord de principe pour mettre fin à la guerre de Corée. Le conflit de 1950-1953 avait en effet été conclu avec un armistice et non par un traité de paix: Nord et Sud sont donc techniquement toujours en guerre.
"Dès la première minute"
Trump, qui met inlassablement en avant son sens de la négociation et son instinct, assure qu'il saura "dès la première minute" de sa rencontre avec l'homme fort de Pyongyang si ce dernier est déterminé à bouger.
Et si, en dépit de préparatifs chaotiques, des signaux parfois contradictoires envoyés par l'administration Trump, d'une annulation suivie presque immédiatement d'une reprise des contacts, ce président atypique réussissait là où tous ses prédécesseurs ont échoué ?
Analystes et historiens jugent qu'il existe une ouverture mais rappellent à l'unisson que le régime de Pyongyang est passé maître dans l'art des promesses non tenues.
En 1994 puis en 2005, des accords avaient été conclus mais aucun d'entre eux n'a jamais été réellement appliqué.
"Trump va probablement crier victoire quel que soit le résultat du sommet, mais la dénucléarisation de la péninsule coréenne est un processus qui prendra des années", estime Kelsey Davenport, de l'Arms Control Association. Le 'vrai test' sera "l'adoption ou non par la Corée du Nord de mesures concrètes pour réduire la menace que représentent ses armes nucléaires."
Le chef de la diplomatie américaine assure pourtant que la situation est, cette fois, profondément différente. Et que la rencontre portera ses fruits.
"Il y a seulement deux hommes qui peuvent prendre des décisions d'une telle importance. Ces deux hommes seront assis dans la même pièce", a-t-il affirmé à la veille du rendez-vous crucial.
Avec AFP