Toute la classe politique américaine a les yeux rivés sur le demi-million d'électeurs inscrits d'une circonscription de la banlieue aisée d'Atlanta, dont le représentant républicain a démissionné pour devenir ministre de Donald Trump. Jamais depuis 1979 le "district" n'a été représenté par un démocrate.
Pour cette mission impossible, les démocrates ont choisi Jon Ossoff, 30 ans, au CV mince mais au charisme indéniable... et aux poches bien remplies. Des dizaines de millions de dollars venus de tout le pays ont abondé ses caisses, faisant de cette élection, pourtant en décalé du cycle normal, la plus chère de l'histoire des Etats-Unis.
"L'argent afflue de tous les côtés, c'est un peu devenu une course à l'armement", a reconnu cet ancien collaborateur parlementaire mardi sur CNN.
C'est cette déferlante d'argent qui fait dire à son adversaire, l'ancienne secrétaire d'Etat de Géorgie Karen Handel, 55 ans, qu'il n'est que le candidat d'"Hollywood".
Les électeurs "ne veulent pas qu'Hollywood en Californie débarque et achète ce siège", a-t-elle dit sur Fox News, bien qu'elle soit elle aussi soutenue par de grandes organisations républicaines nationales. Pire, selon elle, Jon Ossoff n'habite pas dans la circonscription.
"Mon mari et moi habitons ici depuis près de 25 ans. Presque depuis plus longtemps que mon adversaire n'est en vie", a-t-elle souligné sur CNN.
Le scrutin, qui pourrait être très serré, aura un retentissement national.
Le président américain y a consacré six tweets depuis lundi, appelant les républicains à serrer les rangs pour défendre son programme de réformes.
"Karen Handel au Congrès. Elle se battra pour baisser les impôts, de bons soins de santé, une sécurité renforcée. Une travailleuse qui n'abandonnera jamais !" a-t-il écrit.
Législatives de 2018 en vue
Jusqu'à présent, depuis l'entrée en fonctions de Donald Trump, les deux tentatives des démocrates pour dérober aux républicains un siège se sont soldées par des échecs, dans le Kansas et dans le Montana. Le milliardaire avait d'ailleurs ironisé ensuite sur les médias qui avaient, selon lui, ignoré cette résistance républicaine après avoir couvert avec trépidation ces élections-tests.
Mais dans les urnes du Kansas et du Montana, les marges de victoire des candidats républicains ont fondu comme neige au soleil par rapport aux scrutins précédents.
L'opposition démocrate espère que cette circonscription de Géorgie sera un terrain plus favorable. Les habitants y sont plus diplômés que la moyenne, et donc sociologiquement moins enclins à soutenir à Donald Trump.
Or le locataire de la Maison Blanche est le plus impopulaire, à ce stade de son mandat, de tous ses prédécesseurs dans l'histoire des sondages. Seuls 38% des Américains approuvent son action, et 56% désapprouvent, selon le baromètre quotidien de l'institut Gallup. Après sa prise de fonctions, il était à 45% d'opinions positives.
A ce stade de son mandat, Barack Obama était soutenu par environ 60% du pays.
L'enjeu, pour les démocrates, est d'exploiter cette impopularité pour enclencher une nouvelle dynamique en vue des législatives de mi-mandat, en novembre 2018, lors desquelles toute la Chambre des représentants et le tiers du Sénat seront remis en jeu.
La reconquête de la Chambre paraissait encore impossible en 2016, même avec l'effet d'entraînement qu'aurait créé une victoire d'Hillary Clinton, beaucoup de démocrates croyant devoir attendre le prochain redécoupage électoral, en 2020, pour y parvenir.
Les républicains ont aujourd'hui une majorité de 238 sièges contre 193 démocrates (quatre sièges vacants). Les démocrates n'ont donc qu'une vingtaine de sièges à récupérer pour redevenir majoritaires. Tout le parti compte sur le jeune Jon Ossoff pour lancer le mouvement.
Les bureaux de vote fermeront à 19H00 (23H00 GMT) et les résultats devraient être connus dans la soirée.
Avec AFP