"Vivre ici, c’est possible. Vous n’êtes pas obligé de partir ", fait remarquer M. Tapsoba dans une Afrique où le rêve de l'occident vendu par un flot d'images continues pousse le désir légitime de partir de la part de la jeunesse, notamment. La pauvreté, le chômage, le manque de perspectives constituent un ensemble d'éléments qui composent le terreau sur lequel pousse le rêve pour chaque jeune de partir pour améliorer son sort.
Pour maitriser ces migrations africaines vers l’occident, "il faut qu’on donne aux populations, l’espoir", dit Sibry Tapsoba. Cependant, "cet espoir ne remplit pas le ventre, tout doit se traduire par des actions concrètes", a-t-il ajouté.
Le troisième forum africain pour la résilience tenu à Abidjan du 4 au 6 mars a été une occasion de partage d’expériences basée sur la stratégie de la Banque dénommée Remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique. L’efficacité des partenariats constitue un élément essentiel de cette stratégie. "C’est quand même paradoxale que nous soyons assis sur des ressources incroyables et que la première chose que souhaite un jeune quand il a un diplôme, c’est de partir", a déclaré Sibry Tapsoba. "Il faut passer à l’action, il faut qu’on trouve des solutions pour renverser cette tendance. C’est la résilience", a-t-il martelé.
Le rôle des Etats est important pour répondre à ce "besoin de bâtir de la résilience". "L’action doit s’appuyer sur une volonté politique réelle et forte, ciblage des priorités avec une vision", indique M. Tapsoba. Il estime que l’"adéquation de l’éducation à l’emploi" peut réduire les "inégalités sociales" pour permettre de "vivre dans une société compétitive" au profit de chaque citoyen.
Au-delà des gouvernements, M. Tapsoba insiste sur l’"intégrité du système" où chaque citoyen joue son rôle à son niveau, notamment dans le "changement de mentalité". "Le développement ne se fait pas dans le désordre", dit-il. Rappelant que le développement ne nécessite pas toujours de l’argent, il demande un "minimum de discipline et de civisme". "Sortir de sa voiture et faire pipi dans les rues d’Abidjan est devenu la norme, comme ignorer un feu rouge dans plusieurs villes africaines", conclut Sibry Tapsoba.