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Dopage dans l'athlétisme russe : J-1 pour la Russie, menacée de suspension


Le président russe Vladimir Poutine à gauche, avec le ministre russe des sport Vitaly Mutko à Sotchi, le 11 novembre 2015. Source : AP
Le président russe Vladimir Poutine à gauche, avec le ministre russe des sport Vitaly Mutko à Sotchi, le 11 novembre 2015. Source : AP

Accusée de "dopage organisé", la Russie sportive tente l'apaisement, soutenue par le président Poutine, à la veille de la réunion de la Fédération internationale d'athlétisme qui doit se prononcer sur une éventuelle suspension de la Russie de toute compétition d'athlétisme.

Mercredi, Vladimir Poutine a ordonné une enquête sur les accusations visant l'athlétisme russe, tout en estimant que seuls les coupables, et non l'ensemble des sportifs russes, devaient être sanctionnés.

A Sotchi, le président russe a pris la parole pour la première fois sur le scandale de dopage et de corruption touchant l'athlétisme russe, révélé au grand jour lundi par le rapport de la commission d'enquête indépendante de l'Agence mondiale antidopage (AMA), avec pour sanction possible une suspension des athlètes russes aux prochains JO de Rio-2016.

M. Poutine, qui a fait du sport une de ses priorités stratégiques pour le rayonnement de la Russie à l'étranger, a résumé son credo : faire la lumière sur les accusations de système généralisé de dopage et de corruption des athlètes russes, protéger les sportifs du dopage et sanctionner les seuls responsables, et non pas l'ensemble des athlètes.

"Nous devons tout faire en Russie pour nous débarrasser de ce problème" et "il faut effectuer notre propre enquête", a déclaré M. Poutine à la télévision russe, appelant les responsables sportifs russes à la "coopération la plus ouverte, la plus professionnelle avec les structures internationales antidopage".

"Ce problème n'existe pas qu'en Russie, mais si nos collègues étrangers ont des questions, il faut y répondre pour qu'ils n'en aient plus", a dit le président.

"Si quelqu'un viole les règles en vigueur dans le domaine antidopage, la responsabilité doit être individuelle", a déclaré M. Poutine. "Les athlètes qui n'ont jamais touché au dopage ne doivent pas pâtir pour ceux qui enfreignent quelque chose", a-t-il insisté.

Mesures antidopage

Les déclarations du président sont venues conclure une offensive de charme des responsables politiques et sportifs russes, décidés à donner des gages aux instances internationales du sport et de la lutte contre le dopage.

Seule fausse note, l'annonce jeudi par la banque publique russe VTB, l'un des sept sponsors officiels de l'IAAF, de son intention de ne pas renouveler son contrat, qui se termine à la fin de l'année. Son directeur général adjoint Vassili Titov a toutefois réfuté tout lien avec le scandale du dopage.

Pour le reste, la Russie tente de jouer le jeu : le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, a indiqué à l'agence de presse R-Sport que son pays était prêt "à nommer un spécialiste étranger à la tête du laboratoire antidopage de Moscou". Laboratoire dont l'ancien directeur, Grigori Rodtchenkov, au coeur d'un système généralisé de dopage qui incluait la destruction des tests positifs selon l'AMA, a officiellement démissionné mercredi.

Pas sûr pour autant que ces gestes suffisent à éviter l'affront d'une suspension provisoire, vendredi à Monaco.

Aucun horaire de réunion ni de décision n'avait été communiqué jeudi en fin de matinée par l'IAAF mais la décision pourrait tomber en fin de soirée, selon une source proche du dossier.

L'IAAF a en revanche précisé à l'AFP que la réunion se ferait en vidéoconférence, en l'absence physique, donc, des 27 membres du 'gouvernement' de l'instance.

Une suspension provisoire semble probable, car cet énorme scandale rappelle le dopage institutionnalisé mis en place du temps du bloc soviétique, notamment en RDA.

D'autres pays, d'autres sports

La question de l'implication d'autres pays et d'autres sports dans des scandales de dopage est ouverte. "La Russie n'est pas le seul pays, ni l'athlétisme le seul sport, à faire face au problème du dopage organisé", a rappelé l'AMA dans son rapport.

"C'est injuste de se concentrer uniquement sur la Russie. Il devrait y avoir la même enquête sur des pays comme le Kenya et l'Ethiopie", a déclaré mercredi le lanceur d'alerte russe Andrey Baranov au journal britannique The Guardian. La Chine est aussi régulièrement pointée du doigt par des experts.

Au-delà de la seule question du dopage, le scandale actuel est aussi marqué par des soupçons de corruption. Le Sénégalais Lamine Diack, âgé de 82 ans, qui a quitté en août son poste de président de l'IAAF après 15 ans de règne, est accusé d'avoir couvert le dopage d'athlètes russes moyennant finances.

Le numéro un du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a déclaré avoir "confiance" dans le nouveau président de l'IAAF, Sebastian Coe, pour "nettoyer" l'institution.

Bubka: les innocents ne doivent pas payer pour les tricheurs

Les athlètes innocents ne doivent pas payer pour les tricheurs impliqués dans le scandale de dopage systématique en Russie, a déclaré Serguey Bubka, vice-président de l'IAAF, mercredi, à la veille d'un vote de l'instance mondiale sur l'avenir de l'athlétisme russe.

"Tous ceux qui sont impliqués, officiels, managers ou entraîneurs, doivent payer le prix. Mais les athlètes normaux, ceux qui n'ont rien à voir avec l'affaire, ne doivent pas manquer une seule compétition", a déclaré Bubka, dans une interview à l'Association mondiale des journalistes professionnels (AIPS).

Pour l'ancien "tsar" de la perche, l'IAAF, en tant que "part importante du sport mondial", a le devoir d'agir dans cette affaire mais doit le faire "cas par cas, personne par personne".

L'ex-champion, formé sous l'ex-URSS avant de régner sous les couleurs ukrainiennes, ne veut pas que des sportifs innocents soient privés de grandes compétitions comme il l'a été avec le boycott des JO de Los Angeles en 1984, un an après avoir conquis son premier titre mondial de la perche.

"Ce que j'ai vécu en 1984, ainsi que bon nombre d'autres athlètes, ne doit pas se reproduire, a insisté l'actuel dirigeant. On a la responsabilité de protéger les athlètes propres de toute forme d'exclusion de masse, on ne peut pas les punir".

L'IAAF doit se réunir vendredi pour se prononcer par vote sur une éventuelle suspension de la Russie de toute compétition d'athlétisme, sanction recommandée par l'Agence mondiale antidopage après avoir révélé lundi son rapport accusant la Russie de dopage systématique.

Avec AFP

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