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Papa Massata Diack, sauveur ou fossoyeur de l'athlétisme mondial ?


ARCHIVES - Papa Massata Diack, au centre, fils de l'ancien président de l'IAAF Lamine Diack arrive au commissariat central de Dakar, au Sénégal, lundi 17 février 2016.
ARCHIVES - Papa Massata Diack, au centre, fils de l'ancien président de l'IAAF Lamine Diack arrive au commissariat central de Dakar, au Sénégal, lundi 17 février 2016.

Le procès en appel de Papa Massata Diack, fils de l'ex-patron de l'athlétisme mondial Lamine Diack, soupçonné de corruption et de détournement de fonds, se termine jeudi à Paris avec les plaidoiries de ses avocats qui vont le dépeindre comme le sauveur de l'instance internationale.

L'ancien consultant marketing de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), âgé de 57 ans, avait été condamné en septembre 2020 pour complicité au sein d'un système de pots-de-vin visant à cacher des cas de dopage chez des sportifs russes en 2011. Il avait écopé de cinq ans de prison ferme et d'un million d'euros d'amende. Il affirme son innocence depuis le Sénégal, qu'il dit ne pas pouvoir quitter car il est sous contrôle judiciaire dans cette même affaire.

Lamine Diack a été condamné à 4 ans de prison dont 2 avec sursis
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Mercredi l'avocat de la fédération internationale, Me Régis Bergonzi, a dénoncé une "organisation bananière" de l'instance dirigée par Lamine Diack entre 1999 et 2015. Selon lui, l'ancien président de l'IAAF aurait recruté son fils, créant, avec lui et des complices, un réseau de détournement de fonds et de corruption pour retarder les procédures de sanctions contre des athlètes russes soupçonnés de dopage, permettant à certains d'entre eux de participer aux Jeux olympiques de Londres en 2012.

En contrepartie, les parraineurs russes avaient renouvelé leurs contrats de partenariat avec l'IAAF en vue des Mondiaux-2013 à Moscou. Les contrats avec la banque russe VTB signés jusqu'en 2015 s'élevaient à 65,5 millions d'euros. Mais l'IAAF "n'a perçu qu'un cinquième des sommes versées, soit près de 13 millions d'euros", a dit Me Bergonzi, présentant la fédération internationale comme "la bête qu’on a totalement saignée". Il a aussi évoqué des systèmes complexes de rétrocommissions via des sociétés écrans ou des commissions exorbitantes pour certains contrats.

"Cas par cas"

Mais pour les avocats de M. Diack, ces commissions étaient "proportionnelles" à l'importance des contrats, et c'est lui qui avait su convaincre les grandes institutions de parrainer une fédération sous-financée à l'époque. "On a détruit l'honneur de l'athlétisme et de la fédération", rebaptisée World Athletics, a lancé Me Bergonzi, demandant un total de 41,2 millions d'euros de dommages-intérêts.

Le Comité international olympique (CIO) a réclamé un euro symbolique, l'Agence mondiale antidopage (AMA) 300.000 euros de dédommagement aux six prévenus, dont quatre sont jugés en appel et un seul est présent dans le box.

Habib Cissé, ancien conseiller personnel de Lamine Diack, nie avoir été complice dans l'affaire du dopage russe. A la barre, il a assuré mercredi que les notifications concernant plusieurs athlètes à la fédération russe (ARAF) avaient été traitées au "cas par cas", en fonction du degré de soupçons de dopage, et que tous les sportif soupçonnés avaient finalement été suspendus.

M. Cissé, condamné en première instance à trois ans de prison dont deux avec sursis, avait aussi été jugé coupable d'avoir reçu 3,45 millions d'euros, soutirés à des athlètes russes pour les faire disparaître de la liste des sportifs soupçonnés de dopage.

Les enquêteurs avaient retrouvé chez lui une liste comportant les noms de plusieurs sportifs et des sommes d'argent. Ils avaient aussi exhumé une conversation par SMS avec Papa Massata Diack ou il était question de "remboursement". "Les apparences sont accablantes", a-t-il admis, assurant toutefois n'avoir "jamais sollicité d'argent".

Deux autres condamnés en première instance, l'ex-président de l'ARAF Valentin Balakhnitchev et un autre ex-responsable sportif russe, Alexeï Melnikov, sont également rejugés en absence. Lamine Diack et l'ancien chef de l'antidopage de l'IAAF, le Français Gabriel Dollé, sont morts depuis leur condamnation.

La décision de la cour doit être mise en délibéré.

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