Correspondante en RDC pour Radio France internationale (RFI), Sonia Rolley a évoqué la thèse de la "préméditation" et de la complicité des agents des forces de sécurité lors de son audition devant la justice militaire à Kananga, chef-lieu d'une des provinces du Kasaï.
Une trentaine de personnes sont accusées du meurtre des deux jeunes experts des Nations unies, l'Américain Michael Sharp et la Suédoise d'origine chilienne Zaida Catalan, le 12 mars 2017.
Selon la version officielle des autorités de l'époque, ils ont été tués par des miliciens de la secte Kamuina Nsapu, alors en guerre contre l'armée régulière. Le conflit a fait 3.400 morts et des dizaines de milliers de déplacés entre septembre 2016 et mi-2017.
Sonia Rolley a indiqué avoir rencontré les deux experts par deux fois à Kananga en 2017 au plus fort de l'insurrection des miliciens du chef coutumier Kamuina Nsapu, tué par les forces de sécurité en août 2016.
"Ils m'ont expliqué qu'ils étaient au Kasaï avec le mandat du Conseil de sécurité de l'ONU afin d'enquêter sur la situation des enfants dans les groupes armés, l'approvisionnement en armes de la milice, leurs soutiens au niveau de l'échiquier politique et administratif tant provincial que national et enfin les fosses communes", a déclaré la journaliste.
"Je pense qu'il y a eu préméditation" dans le meurtre des deux experts, a-t-elle ajouté, reprenant des éléments d'une de ses enquêtes de décembre 2017 sur la duplicité des autorités.
"L'interprète des experts disposait d'une carte de l'Agence nationale des renseignements", a-t-elle indiqué.