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Douze otages occidentaux libérés en zone anglophone au Cameroun


Vue sur la capitale anglophone, Bamenda, le 16 juin 2017.
Vue sur la capitale anglophone, Bamenda, le 16 juin 2017.

Douze touristes italiens et suisses, enlevés à une date indéterminée en zone anglophone du Cameroun, ont été libérés lundi par l'armée camerounaise, a annoncé mercredi Yaoundé, au moment où la communication autour du conflit entre les séparatistes anglophones et l'armée se réduit de plus en plus.

"Une opération a permis la libération de 12 touristes européens" dans la région du Sud-Ouest lundi, a indiqué le ministre, Issa Tchiroma Bakary, sans préciser quand ils avaient été pris en otage.

Les sept Suisses et cinq italiens se trouvaient au Cameroun avec une organisation appelée "African Adventure Group", selon le communiqué,.

Ils ont été enlevés par "une bande de terroristes" dans la localité de Moungo-Ndor, alors qu'ils se rendaient sur le site de "Twin Lakes", deux lacs situés dans le secteur de Kupe Muanengumba.

Depuis l'arrestation des leaders politique des séparatistes camerounais au Nigeria en janvier, les séparatistes ont plusieurs fois menacé sur les réseaux sociaux de s'en prendre à des intérêts étrangers dans les deux régions anglophones. Des appels au boycottage des banques étrangères, des aéroports situés en zone francophone et des achats dans des magasins étrangers, ont été lancés.

Le groupe armé Ambazonia Defense Forces (ADF), l'un des principaux groupes armés en zones anglophones, a démenti être à l'origine de l'enlèvement des touristes occidentaux, dans des déclarations à l'AFP de son chef, Cho Ayaba.

Aucune revendication de l'enlèvement des douze touristes n'a été formulée.

C'est le second enlèvement recensé d'étrangers dans les régions anglophones du Cameroun depuis début 2018 et la dégradation sécuritaire dans ces zones, après celui, mi-mars, de deux ingénieurs tunisiens. L'un d'eux avait été tué lors d'une opération de l'armée pour les libérer, "assassiné" par "les terroristes", selon l'armée.

>> Lire aussi : Libération d'un haut fonctionnaire enlevé en zone anglophone au Cameroun

Plusieurs enlèvements d'Occidentaux au Cameroun ont défrayé la chronique ces dernières années, notamment celui de sept membres de la famille française Moulin-Fournier, kidnappés en février 2013 par des hommes se réclamant de Boko Haram et libérés deux mois plus tard. La même année, un prêtre français, Georges Vandenbeusch, avait été enlevé à la mi-novembre par Boko Haram et libéré le 31 décembre 2013.

En 2014, les prêtres italiens Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, et la religieuse canadienne Gilberte Bussier avaient été enlevés en avril et libérés après deux mois de détention.

Par ailleurs, "six conseillers municipaux" camerounais ont également été libérés lors d'une autre opération militaire dans la région du Nord-Ouest, selon le communiqué du ministre.

Le texte affirme aussi que dans de "récents accrochages" à une date indéterminée, "plusieurs dizaines d'assaillants" séparatistes ont été abattus par l'armée camerounaise et que "d'importants stocks d'armes et de munitions" et "de fortes quantités de drogue" ont été saisis.

'On ne sait rien'

Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest regroupent les habitants anglophones du Cameroun, soit 20% de la population. Elles sont secouées depuis plus d'un an par une profonde crise socio-politique, qui s'est peu à peu muée en un conflit armé de basse intensité.

Depuis trois mois, la situation sécuritaire s'y est considérablement dégradée, les groupes séparatistes armés y multipliant les actions violentes contre des symboles de l'Etat (attaques de gendarmerie, enlèvements de fonctionnaires, accrochages avec l'armée).

Dans ces deux régions frontalières du Nigeria, où le Cameroun soupçonne les séparatistes d'avoir établi leur base arrière, Yaoundé a répondu par la force, déployant un fort dispositif sécuritaire et créant, en février, une nouvelle "région militaire" dans le Nord-Ouest.

En février, l'Union européenne a jugé "essentiel que les forces de sécurité fassent un usage proportionné de la force dans l'exercice de leurs fonctions", après que de nombreux témoignages d'exactions eurent circulé dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Yaoundé s'en est défendu. Depuis, les informations sur le conflit se sont raréfiées, le gouvernement camerounais communiquant peu sur les actions militaires menées.

"Ce n'est pas dur: on ne sait rien, on ne sait pas combien de personnes fuient, où se passent les combats", a indiqué à l'AFP mercredi une source humanitaire.

Depuis fin 2017, les séparatistes anglophones ont tué 28 membres des forces de sécurité, selon une compilation de l'AFP établie sur la base des déclarations officielles. D'autres observateurs à Yaoundé parlent d'un bilan plus élevé.

A mesure que la crise évolue, de nouveaux groupes séparatistes apparaissent, arborant armes et drapeau de l'"Ambazonie" - du nom de l'Etat qu'ils veulent créer - sur les réseaux sociaux.

Des élections - dont la présidentielle - sont prévues au Cameroun fin 2018. La profonde crise socio-politique que Yaoundé traverse dans ses régions anglophones pourrait perturber ces scrutins.

Avec AFP

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