Affaire Norbert Zongo, affaire du putsch manqué de 2015, affaire Thomas Sankara. Les questions de justice sont plus que d’actualité au Burkina Faso.
Dans les rues de Ouagadougou considérée comme la capitale du cinéma africain, les citoyens ont des avis très tranchés sur la question.
"La justice au Burkina Faso est corrompue. Les gens constatent que la justice ne fait pas son travail et sont assoiffés pour que la justice soit faite dans des dossiers tels Thomas Sankara, Norbert Zongo, Dabo Boukary...", soutient Aloys Oussé, commerçant ambulant.
Judith Kiema est comédienne, elle partage le même sentiment.
"Sincèrement dit, moi-même je suis Burkinabè, j’entends des gens qui se plaignent de la justice depuis longtemps. Des manifestations chaque année pour réclamer justice pour Thomas Sankara, Norbert Zongo... pour que la justice soit faite mais rien. Le peuple burkinabè a soif de la justice", confie Mme Kiema.
Les organisateurs de Ciné droit libre à se focalisent cette année sur la question de la justice au Burkina Faso et en Afrique.
"On sentait que le procès du putsch au Burkina allait avoir lieu, on avait suivi un peu le chapitre Macky Sall-Khalifa Sall, on a vu un peu le procès Laurent Gbagbo et Blé Goudé à la Haye", explique Abdoulaye Diallo, coordonnateur du festival "Ciné Droit Libre" à VOA Afrique.
Il poursuit : "Il y a pas mal de questions de justice qui sont posées, un peu sur le continent. Nous n’oublions pas aussi que cette année, ça va être les 20 ans de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Depuis que notre visuel est sorti, on suit un débat très intéressant parce qu'on montre un juge assis sur une pile de dossiers qui le dépassent et qui posent le problème de l’accès. On dit donc, 'Justice, levez-vous!'".
Le ministre de la Justice rassure pour sa part. Des mesures sont prises pour rendre accessible et indépendante la justice, comme il le confie à VOA Afrique.
"La justice est indépendante, c’est une réalité. Le conseil supérieur de la magistrature est l’instance qui gère toute la carrière des magistrats. Le président du Faso et le ministre de la Justice n’y siègent pas", précise Réné Bagoro, ministre de la Justice.
"Je vous rappelle que même pour nommer les procureurs, c’est par appel à candidature (que ça se fait). Mais ces réformes ne peuvent ne pas produire les effets escomptés dans l’immédiat, mais je peux rassurer les populations que nous y travaillons", rassure le ministre.
Il conclut : "Il y a des dossiers emblématiques comme Thomas Sankara, Norbert Zongo... Les gens trouvent que ça n’avance pas. Mais en tant que ministre de la Justice, surtout en charge des droits humains, que ces dossiers constituent un handicap pour l’appréciation positive de la justice. C’est pour cela que depuis la Transition (2015) jusqu’à maintenant, nous travaillons à faire en sorte qu’aucun moyen ne soit mis de côté pour permettre à ces dossiers de sortir".
"Guerre de l’info : Au cœur de la machine russe" de Paul Moreira de la France, "La République des corrompus" de Salam Zampaligré du Burkina et "Congo Tribunal" du germano-Suisse Milo Rau sont entre autres des films engagés qui seront projetés.
Le festival de films sur les droits humains et la liberté d’expression a débuté le week-end dernier se poursuit jusqu’au 15 décembre prochain.
Durant cette période, le festival entend faire le procès de la justice avec une scène transformée en tribunal et des films qui feront réfléchir sur les questions judiciaires en Afrique.