L'armée égyptienne a publié les photos des premiers débris repêchés. Parmi eux, un sac à dos rose décoré de papillons, un petit morceau de carlingue déchiqueté, des revêtements de sièges déchirés, un gilet de sauvetage déplié...
Mais les enregistreurs de vol, ou "boîtes noires", qui pourraient expliquer les raisons du crash, n'ont pas encore été repérées.
Le gouvernement égyptien et les experts semblaient privilégier la thèse de l'attentat pour expliquer la chute dans la nuit de mercredi à jeudi du vol MS804 reliant Paris au Caire avec 66 personnes à bord, dont 30 Egyptiens et 15 Français, à près de 300 kilomètres de la côte nord de l'Egypte.
Des médias américains ont toutefois révélé que le système automatisé de communications (ACARS) de l'appareil avait émis diverses alertes avant le crash, dont une signalant une fumée d'origine indéterminée à l'avant de la cabine et l'autre une défaillance de l'ordinateur gérant les commandes de vol.
Les enquêteurs français ont confirmé samedi l'existence d'alertes signalant "de la fumée en cabine".
"Il est bien trop tôt pour émettre tout jugement à partir d'une seule source d'informations, comme les messages ACARS", a réagi samedi soir le ministère égyptien de l'Aviation civile. Ces messages "sont des indicateurs qui peuvent avoir des causes différentes et donc il faut des analyses plus poussées."
"On n'arrive pas à croire"
Dans une église d'un quartier huppé du Caire, la famille et les amis de Yara Hany Farag, hôtesse de l'air du vol MS804, se sont réunis samedi soir pour une cérémonie emprunte d'émotions.
Des fleurs blanches étaient disposées dans une salle, et à l'entrée trônait un imposant portrait de la jeune brune souriante de 26 ans: fiancée, elle devait se marier dans quelques mois.
Ses proches, sous le choc, le regard perdu dans le vide, n'avaient pas la force de parler alors que les amis, habillés en blanc, rendaient un dernier hommage à celle qu'ils décrivent comme "un ange".
Marlin Medhat a appris la mort de sa cousine à la télévision, en voyant son visage apparaître sur l'écran.
"J'ai cru qu'elle avait reçu une promotion, qu'elle avait fait quelque chose de vraiment bien", se souvient la jeune adolescente de 17 ans.
Son frère, Nader Medhat, est lui aussi sous le choc. "On sait que ces choses arrivent ailleurs. On n'arrive pas à croire que ça nous est arrivé", lance le jeune homme.
Patrouilleur français
En l'absence de toute revendication, seule l'analyse des débris de l'avion, des corps et, surtout, des deux enregistreurs de vol permettra de faire la lumière sur les raisons du crash.
La France a dépêché un patrouilleur de haute mer doté d'équipements utiles pour la recherche des "boîtes noires" qui devrait arriver sur zone dimanche ou lundi. Les balises des enregistreurs ne peuvent émettre que "quatre à cinq semaines" avant épuisement de leurs batteries, a rappelé l'ambassade de France au Caire.
Fin octobre, la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait fait exploser une bombe à bord d'un avion de touristes russes au-dessus du Sinaï égyptien, tuant ses 224 occupants.
Dans ce contexte, Le Caire et nombre d'experts avaient mis dès jeudi en avant la thèse de l'attentat pour expliquer le crash de l'Airbus, s'appuyant sur le fait que l'équipage n'avait émis aucun message de détresse avant la chute de l'appareil.
Mais vendredi soir, les médias américains Aviation Herald, Wall Street Journal et CNN ont rendu public un compte-rendu d'alertes émises pendant deux minutes par le système automatisé de communication de l'Airbus, signalant une "épaisse fumée" à l'avant de l'appareil et dans une des toilettes, ainsi qu'une défaillance du système de contrôle des commandes de vol, également situé à l'avant de l'avion.
A Paris, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), qui a dépêché trois enquêteurs en Egypte, a confirmé samedi qu'il y a eu des "messages ACARS émis par l'avion indiquant qu'il y a eu de la fumée en cabine peu avant la rupture des transmissions de données".
"Il est beaucoup trop tôt pour interpréter et comprendre les causes de l'accident tant que nous n'avons retrouvé ni l'épave, ni les enregistreurs de vol", a ajouté son porte-parole.
"Toutes les hypothèses sont examinées et aucune n'est privilégiée", a martelé samedi à Paris le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, après avoir rencontré les familles de victimes.
Selon Philip Baum, un spécialiste de l'aéronautique cité par la BBC, "tout cela commence à montrer qu'il ne s'agissait probablement pas d'un détournement, qu'il n'y a probablement pas eu de bagarre dans le cockpit, qu'il s'agit probablement d'un incendie à bord."
Avec AFP