Riham Saeed, vedette d'une émission de débats très populaire mais controversée sur la chaîne de télévision privée Al-Nahar, n'a pas été arrêtée car le tribunal a fixé une caution d'environ 1.700 euros qui lui permet de rester libre jusqu'à ce qu'elle épuise tous les recours en appel et cassation.
Fin octobre, Riham Saeed questionnait la jeune femme invitée à son talk-show. Cette dernière avait été violemment giflée en public dans un centre commercial par un homme qu'elle invectivait en l'accusant de l'avoir harcelée en lui tenant des propos obscènes. Ces agressions, parfois physiques et en pleine rue, sont un véritable fléau pour les Egyptiennes, en particulier au Caire, où ces actes demeurent le plus souvent impunis.
La scène, filmée par une caméra de vidéosurveillance, montre un homme aborder la jeune femme qui stoppe net, manifestement outrée, et lui répond avec véhémence. L'homme lui assène alors deux violentes gifles avant d'être retenu par des vigiles.
Après l'interview, Riham Saeed se lance dans un monologue au cours duquel elle reproche à la jeune femme d'avoir provoqué son agresseur et, à l'appui de sa démonstration, exhibe une photo d'elle en maillot de bain à la plage. Une photo qui, selon la victime, a été volée dans son téléphone mobile qu'elle avait confiée au personnel de la chaîne durant le show pour en recharger la batterie.
"Si je me montre volontiers comme ça en maillot de bain, alors cela veut dire que j'ai envie d'être draguée par tout le monde", lâche la présentatrice, condamnée lundi pour "injure et violation de la vie privée". Fin octobre, face à une intense campagne de protestations sur les réseaux sociaux, Al-Nahar avait suspendu le talk-show de Riham Saeed.
En 2013, une enquête de l'ONU avait livré des statistiques effarantes sur les humiliations et violences sexuelles subies par les Egyptiennes: plus de 99% des femmes sollicitées pour un sondage avaient assuré avoir été victimes de harcèlement sexuel au moins verbal.
Avec AFP