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Le président égyptien veut légiférer pour limiter les exactions de la police


Photo d’archives à titre d’illustration : Des dizaines de manifestants se sont rassemblés vendredi près du siège de la Direction de la police du Caire.
Photo d’archives à titre d’illustration : Des dizaines de manifestants se sont rassemblés vendredi près du siège de la Direction de la police du Caire.

Le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi a affiché vendredi sa volonté de durcir les sanctions contre les policiers responsables d'exactions, sur fond de colère grandissante après qu'un policier a tué par balle un jeune chauffeur au Caire.

Des dizaines de manifestants se sont rassemblés vendredi près du siège de la Direction de la police du Caire, scandant des slogans hostiles au ministère de l'Intérieur, au lendemain de la mort de Mohamed Ali Dayed Ismaïl, abattu par un policier lors d'une altercation dans la nuit de jeudi à vendredi.

"Nous sommes là car la prochaine fois, ce sera notre tour (...) Ismaïl était un jeune homme respectueux qui essayait juste de vivre", a confié Tarek, un manifestant qui avec des dizaines d'autres s'était auparavant rendu aux funérailles de la victime.

Et de poursuivre, furieux: "le gouvernement a laissé les mains libres à la police. Un chien a plus de valeur qu'un citoyen égyptien!".

Plus tôt dans la journée, le ministère de l'Intérieur avait annoncé que le policier, roué de coups par des résidents après avoir tiré sur Ismaïl, avait été arrêté à l'hôpital.

"Ces actes doivent cesser et les responsables rendre des comptes", a indiqué M. Sissi à son ministre de l'Intérieur, Magdy Abdel Ghaffar, selon un communiqué du bureau présidentiel.

"Cela peut nécessiter des amendements à la loi ou une nouvelle législation qui réglemente l'action de la police dans les rues et assure que tous ceux qui violent les droits des citoyens rendent des comptes" à la justice, a poursuivi le président.

M. Sissi proposera dans les 15 jours des amendements au Parlement, selon son bureau.

- Vague d'indignation -

La police égyptienne est souvent accusée par les organisations de défense des droits de l'Homme et les avocats de maltraiter, voire torturer ou tuer des détenus, ces exactions demeurant largement impunies. Les dérives policières ont d'ailleurs été un facteur clé de la révolte populaire de janvier 2011 qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak.

Ce dernier drame a déclenché une vague d'indignation sur les réseaux sociaux.

"Avons-nous besoin d'une campagne +La vie des Egyptiens compte+", s'est insurgée sur Twitter la célèbre blogueuse Zeinobia, en référence à la campagne "Black lives matter", lancée aux Etats-Unis après la mort de Michael Brown, un jeune Noir abattu en 2014 par un policier blanc.

Plusieurs policiers ont été traduits en justice ces derniers mois pour des faits de torture contre des détenus.

Début février, un policier égyptien avait été condamné à huit ans de prison pour avoir battu à mort un vétérinaire en détention.

Dans le même temps, un officier de police, condamné en première instance à de la prison, a été acquitté mardi du meurtre, présumé sous la torture, d'un homme arrêté au cours d'une rafle. Trois autres officiers avaient été également acquittés dans cette même affaire.

- 'Rumeurs' -

Le 12 février, des milliers de médecins avaient protesté contre l'agression par la police de deux confrères dans un hôpital public.

La police a également été récemment mise en cause dans la mort d'un étudiant italien.

Giulio Regeni avait disparu fin janvier au Caire, et son corps avait été retrouvé atrocement torturé neuf jours plus tard. La presse italienne a soupçonné la police d'être impliquée dans sa mort.

Alors que de nombreux témoignages publiés dans la presse internationale pointent du doigt la sécurité égyptienne, Le Caire n'a pas jusqu'à présent communiqué les résultats de l'enquête.

Le ministre égyptien de l'Intérieur Magdy Abdel Ghaffar a rejeté des "rumeurs", assurant que le jeune homme n'avait jamais été arrêté.

Le président Sissi avait déjà affirmé en décembre que tout policier "fautif" devait rendre des comptes, mais avait prévenu que l'institution ne pouvait être tenue pour responsable à cause de "l'erreur d'un individu".

Il a admis vendredi "qu'un certain nombre de policiers" avaient commis des exactions.

Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, le régime de M. Sissi a violemment réprimé toute opposition. Le président Sissi est accusé par les ONG des droits de l'Homme d'avoir éliminé toute voix dissidente et d'avoir instauré un pouvoir encore plus répressif que celui de Hosni Moubarak.

Avec AFP

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