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Appel au boycott de l'opposition pour les élections sénatoriales au Cameroun


Dans un bureau de vote lors de l'élection de 2011, à Yaoundé, Cameroun, le 9 octobre 2011.
Dans un bureau de vote lors de l'élection de 2011, à Yaoundé, Cameroun, le 9 octobre 2011.

Trois partis politiques de l’opposition appellent au boycott du scrutin, estimant que le corps électoral, qui va choisir les 70 sénateurs, est taillé à la mesure du parti au pouvoir.

L’Alliance des forces progressistes (AFP), est l’une des premières formations politiques de l’opposition à avoir appelé au boycott des élections sénatoriales au Cameroun.

La Présidente de l’AFP Alice Sadjio, en caravane politique avec Akere Muna, dans la région de l’Adamaoua au Cameroun (UPC), le 19 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
La Présidente de l’AFP Alice Sadjio, en caravane politique avec Akere Muna, dans la région de l’Adamaoua au Cameroun (UPC), le 19 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Dans un communiqué, Alice Sadjio, présidente de l'AFP a dénoncé un "déficit de légitimité du collège électoral partiel qui va désigner les nouveaux sénateurs".

Le collège électoral des sénateurs selon la constitution camerounaise est constitué des conseillers régionaux et des conseillers municipaux.

Or, comme en 2013, lors des premières élections sénatoriales, seuls les conseillers municipaux, d’ailleurs en fin de mandat, vont élire les nouveaux sénateurs.

"L’AFP et toutes les vraies forces du changement ne sauraient se reconnaître au futur sénat ou encourager quiconque à prendre part à ce simulacre d’élection en pareille circonstance", a ajouté Mme Alice Sadjio sur VOA Afrique.

Suppression Sénat au Cameroun

Pour le parti Univers, dont les militants sont jeunes, l’institution d’un Sénat est sans fondement au Cameroun. Réagissant à la convocation du corps électoral pour les élections sénatoriales, Prosper Nkou Mvondo, le président de ce parti a annoncé "la disparition du Sénat si le parti Univers accède au pouvoir".

>> Lire aussi : "Le problème anglophone pourrait affecter l'élection" de 2018 au Cameroun

"C’est une institution qui n’a pas sa place au Cameroun", confie-t-il.

"Nous n’avons que deux conseillers municipaux dont les voix sont insignifiantes parmi les autres électeurs, cependant, les élections sénatoriales sont aux antipodes de notre idéologie politique qui promeut la responsabilité des jeunes aux affaires", souligne Prosper Nkou Mvondo

Sénatoriales et crise anglophone

Plus acerbe, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, s’insurge contre une élection source de futurs conflits au Cameroun.

Sosthène Médard Lipot, du MRC, au Cameroun (UPC), le 19 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Sosthène Médard Lipot, du MRC, au Cameroun (UPC), le 19 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Il fallait calmer les anglophones en organisant des élections claires et transparentes à la base avec de nouveaux leaders", pense Sosthène Médard Lipot, secrétaire national à la communication du MRC.

Il ajoute que "la crise anglophone n’est pas seulement une crise politique, mais de leadership".

"Les conseillers municipaux actuels dans le nord-ouest et le sud-ouest ne sont pas représentatifs auprès de la population", poursuit-il.

L’élection des nouveaux sénateurs par un exécutif municipal sortant "va aggraver la crise anglophone", prévient Sosthène Médard Lipot.

Quid des alliances au sein la majorité présidentielle ?

Néanmoins, certaines formations politiques de l’opposition entendent pour la première fois présenter des candidats sénateurs.

À l’instar du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), le parti du ministre camerounais de la communication par ailleurs porte-parole du gouvernement.

"Je n’ai pas suffisamment de grands électeurs, maisla seule bataille perdue est celle qu’on ne livre pas. Nous avons estimé nécessaire de participer aux élections sénatoriales en 2018", a déclaré Issa Tchiroma, president du FSNC, à Garoua, dans le nord du Cameroun, au cours d’un meeting politique.

>> Lire aussi : Ambiance délétère au sein d'Elecam

L’on évoque en coulisses une éventuelle alliance entre le parti au pouvoir et la formation politique du porte-parole du gouvernement camerounais.

Par contre au sein de l’Union des populations du Cameroun (UPC), le plus vieux parti politique du pays, l’on réfute toute possibilité d’alliance avec le RDPC, parti au pouvoir, pour les sénatoriales.

Biya II Jean Jacques, délégué aux questions électorales de l’union des populations du Cameroun (UPC), le 19 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Biya II Jean Jacques, délégué aux questions électorales de l’union des populations du Cameroun (UPC), le 19 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Le secrétaire général du parti a déclaré que l’UPC ira à toutes les élections en 2018. Il faut que le parti soit fort pour signer des alliances. Nous avons certes un protocole d’accord avec le RDC, mais il mérite d’être réactualisé", explique Jean Jacques Biya II, délégué aux questions électorales de l’UPC.

Ces propos prennent le contre-pied d’une sortie précédente d’un député de l’UPC, M. Bapooh, qui avait annoncé que sa formation politique soutiendrait le parti au pouvoir.

"Le camarade Bapooh n’a pas été signataire de l’alliance de 1997 entre l’UPC et le RDPC, pour l’évoquer à contre temps", commente Jacques Biya II.

Vingt-deux ans après son institution dans la constitution, c’est la deuxième fois que les sénateurs camerounais seront élus en mars prochain.

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé

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