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Elections en Angola: le président sortant en tête, scrutin historiquement serré


Les observateurs avaient annoncé un scrutin serré cette fois, même si le président sortant, 68 ans, partait favori. 
Les observateurs avaient annoncé un scrutin serré cette fois, même si le président sortant, 68 ans, partait favori. 

Le président angolais sortant, Joao Lourenço, se dirigeait jeudi vers une probable victoire face à son charismatique rival de l'opposition, selon des résultats encore partiels mais comptabilisant déjà la très grande majorité des votes du scrutin le plus disputé de l'histoire du pays.

A plus de 86% des votes dépouillés, le MPLA, ancien tout-puissant parti unique dirigeant l'Angola depuis 1975, est en tête avec 52,08% des voix, selon la commission électorale. Mais l'opposition est en passe de réaliser un score historique: l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola, l'Unita, remporte pour l'instant 42,98% des votes. L'ancien mouvement rebelle, qui rassemble une jeunesse désenchantée et les oubliés de la croissance, est pour l'instant en tête dans la capitale Luanda.

Il n'y a pas d'élection présidentielle en Angola. Selon la Constitution, la tête de liste du parti qui remporte les législatives est investie chef d'Etat. En 2017, le MPLA avait remporté une confortable victoire avec 61% des voix, gagnant 150 des 220 sièges du Parlement, soit plus des deux tiers nécessaires pour faire passer ses projets de loi sans le soutien d'un autre parti. En 2012, il avait rassemblé 71,84% des votes.

Les observateurs avaient annoncé un scrutin serré cette fois, même si le président sortant, 68 ans, partait favori. Le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) est en perte de vitesse dans un pays riche en ressources naturelles mais plongé dans de graves difficultés économiques. De son côté, l'opposition s'est musclée depuis l'arrivée d'un leader, Adalberto Costa Junior, 60 ans. Elle a aussi élargi sa base en s'alliant à plusieurs autres partis.

"Ne les laissez pas voler nos espoirs", a posté M. Costa Junior sur Facebook après l'annonce des résultats partiels. Son parti a déclaré la nuit dernière que, selon leur propre comptage, "la tendance indique une victoire de l'Unita dans toutes les provinces du pays".

L'opposition et une partie de l'opinion publique craignaient de possibles fraudes. Mais le scrutin s'est déroulé "dans le respect des exigences internationales", ont déclaré lors d'une conférence de presse les observateurs de la Communauté de pays de langue portugaise (CPLP). "Nous attendons les vrais résultats, j'ai encore de l'espoir", a confié à l'AFP José Vieira Manuel, 28 ans, ingénieur à Luanda et partisan de l'Unita.

"Transparence"

Sur des promesse de réformes, l'opposant réputé bon orateur séduit une jeunesse urbaine moins attachée au MPLA que ses aînés et qui hérite d'un pays miné par des décennies de corruption sous la présidence de José Eduardo dos Santos (1979-2017). Les 10 à 24 ans représentent un tiers de la population de l'ancienne colonie portugaise, selon des données des Nations unies.

Mort le mois dernier en Espagne, M. dos Santos est accusé d'avoir détourné des milliards au profit de ses proches. Il doit être enterré dimanche. Quelque 14,4 millions d'électeurs étaient appelés à voter mercredi. Huit partis sont en lice.

"Le MPLA a donné des opportunités aux jeunes, il y a plus de travail et de transparence", estime Madalena Antonio, une commerçante de Luanda de 27 ans. Pur produit du parti nourri au marxisme-léninisme, Joao Lourenço a surpris, une fois élu, en s'affranchissant du système. Il a lancé une vaste campagne anticorruption et mené des réformes, saluées à l'étranger, pour sortir d'une économie dépendante du pétrole.

Mais pour une grande partie des 33 millions d'Angolais, toutes les promesses ne sont pas tenues. Beaucoup jugent que la campagne anticorruption, qui a alimenté les divisions au sein du parti, s'est réduite à une chasse aux sorcières contre le clan dos Santos.

Et dans le pays 2e producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, aussi l'un des principaux producteurs mondiaux de diamants, la pauvreté reste criante. Près de la moitié des Angolais vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour en 2020.

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