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Tanzanie: "au moins 150" membres de l'opposition arrêtés


La police tanzanienne détient un partisan du parti politique d'opposition Chadema le 10 mars 2020.
La police tanzanienne détient un partisan du parti politique d'opposition Chadema le 10 mars 2020.

Au moins 150 membres et dirigeants de l'opposition tanzanienne, qui avait dénoncé des fraudes massives lors des d'élections générales de fin octobre, ont depuis été arrêtés, a déclaré mardi dans un communiqué la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet.

La plupart de ces hommes politiques, arrêtés à partir du 27 octobre, à la veille des élections présidentielles et législatives, ont été depuis libérés mais 18 d'entre eux seraient encore en détention, précise le texte.

"La Haute-Commissaire a appelé à la libération immédiate de ceux qui sont détenus pour avoir exercé leurs droits humains", indique ce communiqué reçu par l'AFP à Nairobi.

L'ancienne présidente du Chili appelle les autorités tanzaniennes à s'assurer que les forces de sécurité "agissent dans le respect de l'Etat de droit" et des droits humains.

L'opposition avait dénoncé des fraudes massives avant même la publication des résultats du scrutin, qui s'est soldé par une victoire écrasante du président sortant John Magufuli et du parti au pouvoir, le CCM. L'opposition avait appelé ensuite à des manifestations.

En réaction, plusieurs de ses dirigeants, dont Tundu Lissu, candidat malheureux du Chadema, principal parti de l'opposition, et Freeman Mbowe, son président, avaient notamment été arrêtés puis libérés sous caution la semaine dernière.

L'ancien député tanzanien du principal parti d'opposition Chadema, Tundu Lissu, s'exprime après avoir été désigné comme candidat du parti aux élections présidentielles d'octobre, lors du congrès général du parti à Dar es Salaam, en Tanzanie, le 4 août 2020.
L'ancien député tanzanien du principal parti d'opposition Chadema, Tundu Lissu, s'exprime après avoir été désigné comme candidat du parti aux élections présidentielles d'octobre, lors du congrès général du parti à Dar es Salaam, en Tanzanie, le 4 août 2020.

M. Lissu a annoncé mardi qu'il quittait son pays. "Je suis en route pour la Belgique. A l'aéroport actuellement", a-t-il dit à l'AFP dans un message WhatsApp, sans préciser combien de temps il partait. Selon l'ambassadeur des Etats-Unis en Tanzanie, Donald Wright, il est parti "pour des soins médicaux".

L'opposant avait passé trois ans en Belgique pour se faire soigner après une tentative d'assassinat par balle en Tanzanie où il était revenu en juillet en vue de la présidentielle.

"La situation tendue dans le pays ne s'apaisera pas en réduisant au silence ceux qui contestent le résultat des élections, mais plutôt grâce à un dialogue participatif", poursuit Michelle Bachelet.

Dimanche, un ancien député de l'opposition, Godbless Lema, a franchi la frontière kényane en compagnie de sa femme et de ses enfants afin de trouver refuge dans ce pays voisin et a été arrêté puis relâché par la police locale, a indiqué son avocat.

"J'ai reçu des informations selon lesquelles ma vie était en danger. Je ne pouvais pas ignorer cette information car j'ai enterré beaucoup de mes amis et d'autres sont toujours portés disparus. J'ai réagi rapidement et j'ai fui", a déclaré lundi Godbless Lema à des journalistes, à la sortie du commissariat de Kajiado, près de la frontière.

John Magufuli, dont le premier mandat a été caractérisé par un net recul des libertés fondamentales et une multiplication des attaques contre l'opposition, a été réélu président avec plus de 84% des voix.

Le CCM, au pouvoir sans discontinuer depuis l'indépendance, a, lui, raflé la quasi-totalité des 264 sièges en jeu aux législatives.

Des doutes ont émergé quant à la sincérité de ce scrutin, qui a vu le CCM emporter des sièges jusque dans des bastions historiques de l'opposition, en Tanzanie continentale comme dans l'archipel semi-autonome de Zanzibar.

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