Finie l'amabilité d'antan entre les deux hommes. Donald Trump a ressorti des tiroirs un vieux dossier sur Ted Cruz: sa naissance au Canada il y a 45 ans, et son éventuelle inéligibilité à la présidence des Etats-Unis.
La Constitution américaine énonce trois critères d'éligibilité: avoir 35 ans ou plus, résider aux Etats-Unis depuis au moins 14 ans, et être "né citoyen naturel" ("natural born citizen"). Cette dernière clause est ambiguë. Elle exclut les citoyens naturalisés, sans définir ce qu'est un citoyen "naturel". Mais de nombreux experts estiment que Ted Cruz étant né d'une mère américaine (son père est cubain), il est naturellement américain et absolument éligible.
Devançant la polémique, Ted Cruz a renoncé l'an dernier à sa nationalité canadienne.
Donald Trump, interrogé par le Washington Post lundi, a sauté sur l'occasion pour relancer les insinuations. "Les républicains vont devoir se demander: est-ce que nous voulons un candidat qui risque d'être bloqué par les tribunaux pendant deux ans?" a-t-il dit. "Je détesterais qu'une telle chose lui arrive".
"Les gens vont continuer à faire du bruit politique sur ce sujet, mais d'un point de vue juridique, la question est réglée", a balayé Ted Cruz mardi depuis l'Iowa, citant les précédents de John McCain, né dans la Zone du canal du Panama, ou de Barry Goldwater, né en Arizona avant l'intégration aux Etats-Unis.
Les deux hommes se jaugent depuis des mois car ils chassent sur les mêmes terres, chacun représentant à sa façon le rejet du "système" et des appareils politiques. Ted Cruz a été élu au Sénat en 2012, porté par la vague du Tea Party, et est le meneur des rebelles du Congrès, constamment en conflit avec son propre parti, jugé trop accommodant avec Barack Obama.
Jusqu'à présent, Ted Cruz est le candidat qui ménageait le plus Donald Trump, même quand tout le parti tombait sur l'homme d'affaires pour ses sorties anti-musulmans et ses autres outrances. En retour, Donald Trump, 69 ans, a dit en décembre, lors d'un débat, que le sénateur texan avait "un tempérament merveilleux".
Mais Ted Cruz a depuis pris un léger avantage dans les intentions de vote des républicains dans l'Iowa, avec 31% contre 27% pour Donald Trump. Une avance peu concluante mais qui a suffi à déclencher l'exaspération du milliardaire.
Le profil du sénateur, qui défend depuis des années des causes religieuses, correspond a priori mieux aux nombreux électeurs conservateurs évangéliques de l'Etat.
Les résultats des consultations de l'Iowa sont fameusement imprévisibles. La participation est faible (20%) et la majorité des électeurs se décident dans les derniers jours. Sans compter que les vainqueurs des deux dernières consultations, en 2008 (Mike Huckabee) et 2012 (Rick Santorum), ne furent que des étoiles filantes.
Pour Donald Trump, une défaite dans l'Iowa écornerait son image de leader incontesté.
"J'adorerais gagner l'Iowa. L'Iowa est très important pour moi", a-t-il dit au Post.
Avec AFP.